Critique de la condition managériale

Une recension de Philippe Nassif, publié le

Il est rare de croiser les noms de Giorgio Agamben ou de Bernard Stiegler sous la plume d’un spécialiste des management studies. C’est que Ghislain Deslandes est à la fois philosophe exigeant et enseignant dans une école de commerce : sa Critique de la condition managériale n’en est que plus fine. Si elle ne tranche pas avec une certaine (bonne) littérature du bonheur au travail, elle lui apporte le soubassement intellectuel qui lui manque trop souvent. Comment rompre avec le gouvernement des choses promu par Taylor pour penser un « management non plus centré sur l’extériorité d’objectifs quantitatifs, mais sur une culture de la collaboration entre vivants » ? L’auteur s’appuie sur l’œuvre du phénoménologue Michel Henry, pour qui nous sommes des individus affectés, « pathiques », avant d’être des individus pensants. Il montre par là que le manager ne trouve sa véritable puissance que dans l’acceptation de sa vulnérabilité. Comme une invitation à délaisser la gestion calculatrice au profit de la participation vitale.

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