Blaise, Isée et le Tue-Planète

Une recension de Alexandre Lacroix, publié le

Il n’est certainement pas évident de parler de réchauffement climatique ou d’écologie aux enfants sans les endoctriner. Mais notre collaborateur Claude Ponti, lui, n’a pas son pareil pour déplacer les enjeux réels sur le terrain de l’imaginaire. Dans un précédent album, Bih-Bih et le Bouffron-Gouffron (2009), il avait mis en scène un monstre goulu, le Bouffron-Gouffron, en train de dévorer jusqu’à la dernière miette du monde. Cette fois-ci, « un Tue-Planète détruit les planètes une par une, chacune de façon différente. Végule III est étouffée par une forêt mortelle, K. H. 27 n’est plus qu’un océan où il pleut tout le temps, Carmine IV est une boule de banquise, Blogole est en ruine… » Le tour est joué, Ponti est un faux farfelu qui vient de suggérer que les planètes aussi sont mortelles. 

Mais le plus intéressant, chez cet auteur « jeunesse », est la fragilité des monstres. Pour venir à bout d’un monstre, il faut découvrir son point faible. C’est ainsi qu’Hippolène vainc l’affreux Ortic d’une seule réplique : « Je n’ai pas peur de moi ! » (L’Arbre sans fin, 1992). Que le Kontroleur de Kata-stroffe explose après avoir reçu un jet d’utikipip à l’envers – de « pipi-qui-tue », donc (Blaise et le Kontroleur de Katastroffe, 2014). Qu’Isée aplatit l’Ekrazatouteur en se transformant en dessin, ce qu’elle est réellement (L’Avie d’Isée, 2013). Cette fois-ci, pour anéantir le Tue-Planète, il faut que ce dernier soit entier, donc il convient de commencer par le réparer avant de le détruire… Logique, ou plutôt écologique, non ?

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