Au non des femmes
Une recension de Victorine de Oliveira, publié leQuelque chose d’étrange se produit lorsqu’une femme dit non : on la soupçonne de ne pas vraiment refuser. Le non féminin serait teinté d’ambiguïté, ne signifiant pas tout à fait la même chose qu’un refus masculin. Il serait même une invitation à poursuivre la conversation, un code de séduction qui indiquerait le désir sous couvert de décence et de pudeur. D’où vient une telle interprétation ? Pour Jennifer Tamas, professeure de littérature française spécialisée dans le XVIIe siècle, le refus des femmes a non seulement toujours existé, mais il a été représenté et mis en scène, notamment sous les plumes de Mademoiselle de Scudéry, Madame de Sévigné, Christine de Pizan ou Marguerite de Navarre. Qu’est-il donc arrivé à ces écrits pour qu’ils soient frappés du sceau de la niaiserie, voire de l’antiféminisme ? « L’oubli de ces récits procède d’un geste d’effacement », relève Jennifer Tamas. Et ce geste commence à la même époque avec les moqueries dont font l’objet les Précieuses dites « ridicules » par un certain Molière. Pour la professeure de lettres, la galanterie n’est pourtant pas, à l’origine, un stratagème pour reléguer les femmes au statut de petites choses fragiles. Elle est inventée à une époque où les viols sont si courants qu’ils ne sont même pas recensés, où les « violences faites aux femmes », comme on les désigne aujourd’hui, sont une condition de vie. La galanterie est donc plutôt « une entreprise collective, une œuvre à laquelle participent autant les hommes que les femmes pour changer de mœurs, imaginer un autre monde possible, styliser et régir les rapports humains ». Il s’agit, alors même que la violence est partout, d’instaurer « une conversation agréable entre les sexes » et de signaler « le refus des femmes d’être prises comme des objets sexuels ». Si les rapports se sont nettement pacifiés depuis, tout un corpus de textes délaissés peut nous réapprendre à mettre les formes dans un contexte où la violence est certes moins banalisée mais demeure.
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