Apprendre à perdre
Une recension de Martin Duru, publié leIl paraît que « philosopher, c’est apprendre à mourir ». Le problème avec cette formule de Cicéron reprise par Montaigne, est qu’elle polarise sur ma mort – c’est moi qui dois apprivoiser l’idée de ma propre fin (et appeler Socrate à la rescousse). Mais que se passe-t-il si l’on accorde la priorité aux autres, aux êtres chers qui – hélas ! – meurent aussi ? Alors il s’agit d’« apprendre à perdre »… Avec un tel titre, on imagine un livre livrant des recettes pour surmonter la peine. C’est tout l’inverse. Hanté par le thème de la perte dans son œuvre philosophique et littéraire – son quatrième roman s’intitulait Ce qui est perdu –, Vincent Delecroix voit en elle un bouleversement radical. Celui qui l’endure « part à l’abîme, se défait, cède de tous ses bords » ; tout s’effondre, les possibles partagés avec l’autre, le monde dans son ensemble. L’expérience de la perte est « infinie », « interminable ». L’auteur brocarde ainsi les « professionnels du deuil » qui enjoignent, moyennant un « travail », à savoir passer à autre chose... Ici, le passé ne peut ni ne doit passer. Les morts sont des « revenants » ; absents, ils ne cessent d’être présents dans nos vies (et inversement). De ces revenants n’ayons pas peur, et ne soyons pas oublieux, soutient Delecroix dans ce livre foisonnant, parfois exigeant, et toujours pugnace – de la mélancolie, oui, mais de la mélancolie de combat. Apprendre à perdre ? C’est ne jamais rompre le lien, c’est « assigner place et consistance » aux disparus, en premier lieu ceux qui ont compté et comptent encore. C’est apprendre non pas à mourir, mais à vivre avec eux, si tant est que ce qui est perdu ne l’est « jamais tout à fait ».
Dans le “Banquet” de Platon, une nuit entière est nécessaire à Socrate et à ses interlocuteurs pour répondre à la proposition de Phèdre qui les a…
Pour Vincent Delecroix, la colère n’est jamais aussi belle que lorsqu’elle révèle les failles de l’ordre cosmique.
La perte, d’un enfant ou d’un amour, est au cœur des œuvres de Philippe Forest et de Vincent Delecroix. C’est que, comprend-on à travers leur beau dialogue, deuil et littérature ont en commun de déceler dans l’absence l’éclat même du…
Le philosophe danois Søren Kierkegaard traite de l’angoisse dans Le Concept de l’angoisse et du désespoir dans La Maladie à la mort. Pour autant, il ne les aborde pas comme des pathologies, en termes psychologiques, mais comme des états de l…
Comment est-on passé du modèle antique du courage, incarné par les héros d’Homère, à sa version contemporaine, nettement plus modeste, qui…
La philosophie peut-elle consoler, de quoi et comment ? C’est la question lancinante que réhabilite le philosophe Vincent Delecroix dans Consolation…
L’épreuve de la mort et du deuil nous confrontent à une épreuve éthique qui teinte d’une douleur indélébile notre idée de la vérité. Les…
Après un premier dialogue dans nos colonnes, Philippe Forest et Vincent Delecroix se sont retrouvés pour évoquer le deuil dans un livre d…