Yannick Haenel : « Entrer dans le désemploi du temps »
Yannick Haenel, auteur de Jan Karski (Gallimard, prix Interallié 2009), explore ici les expériences limites et montre comment elles peuvent donner une autre forme à nos jours.
Souvent, les personnages de vos romans commencent par se désocialiser. Pourquoi ?
Quand je commence à écrire un roman, j’ai toujours le souci de mettre en scène ce que je suis en train de vivre, c’est-à-dire un pas de côté ou une brèche dans la journée. Pour moi, écrire, se mettre dans la disponibilité de la parole et des phrases, c’est faire l’expérience d’une trouée dans la journée. C’est comme si je tombais dans un trou ou comme si je passais à travers un mur. Débuter une fiction, c’est toujours entrer dans le désemploi du temps. Les personnages de mes romans, c’est vrai, se trouvent au départ dans cette brèche, cette absence à la société et au monde.
N’est-ce pas très inconfortable ?
L’opération qui fait entrer dans cette disponibilité est effectivement de l’ordre de la déchirure, de la violence. Les vies que nous menons sont habituellement ordonnées au travail, à l’utilité. Il faut s’y arracher pour pouvoir appréhender le reste, c’est-à-dire ce que Bataille nommait la part maudite, soit la création, la danse, l’ivresse, la fête. Dans toutes les traditions, cette part maudite est de l’ordre du sacré. Elle peut être consumée dans l’orgie, la mise à mort, la bagarre, le sacrifice – conduire à un déchaînement de violence. Parfois, elle est l’objet d’une divinisation, comme dans la prière ou la transe chamanique. Ce qui m’intéresse, c’est d’approcher ces expériences de manière profane. Le reste est-il habitable ? Que se passerait-il si nos journées se passaient entièrement dans le reste ?
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