Voyage au cœur de l’hospitalité corse
« Conformément à sa tradition d’hospitalité, la #Corse est prête à accueillir temporairement l’#OceanViking », tweetait récemment l’élu autonomiste Gilles Simeoni. Le navire humanitaire a finalement accosté à Toulon. Mais la référence à l’hospitalité corse interroge. Éclairage.
Mythe ou réalité, l’hospitalité corse est en tout cas proverbiale. Et ça ne date pas d’hier ! De nombreux auteurs l’ont vantée. L’historien Edmond Spalikowski parle ainsi de « la rude mais cordiale hospitalité corse, peu faite pour les délicats ou les raffinés » dans ses Impressions de Corse (1909). « Il n’y a qu’à admirer la générosité, le désintéressement. Partout les portes se sont ouvertes devant nous. »
Antoine Claude Pasquin, dit Valéry, en témoignait également un siècle plus tôt dans ses Voyages en Corse à l’île d’Elbe, et en Sardaigne (vol. I) : « Il serait difficile de rendre tôt ce qu’il y a d’obligeant, de cordial et même quelquefois de magnifique dans cette hospitalité. […] La plus belle chambre et le meilleur lit vous ont été réservés ; l’hôte vous y accompagne pour voir s’il ne manque rien, et se croit obligé de se confondre en excuses de ne pouvoir faire mieux. » Et de louer l’« active et chaude hospitalité », attentive à l’autre qui toque à la porte, par contraste avec la fausse hospitalité des salons bourgeois parisiens réservée à quelques privilégiés, et dont le but est surtout de briller.
L’hospitalité corse et l’ambivalence de l’autre
D’où vient donc cette hospitalité corse ? Le sociologue Max Caisson tente d’en expliquer la logique dans son article « L’hospitalité corse comme relation d’ambivalence » (in : Études corses, 1974). À ses yeux, la prégnance du principe d’hospitalité – ensemble « de ces relations qui ne sont ni de parenté ni d’hostilité » – est caractéristique d’une « société où les relations d’homme à homme l’emportent sur les relations juridiques abstraites », c’est-à-dire où les relations juridiques formelles instituées par le pouvoir de l’État central n’appartiennent pas pleinement à l’imaginaire social. Quelle forme informelle donner à ceux qui n’appartiennent pas à la communauté des proches, des semblables, et qui ne sont pas pour autant des ennemis ?
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