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© Édouard Caupeil (Pasco & Co) pour PM

Entretien

Vinciane Despret : “Nous sommes capables de nous lier à des gens que nous ne rencontrerons jamais”

Vinciane Despret publié le 15 décembre 2020 5 min

Qui peut dire qu’il n’a jamais été touché – ou pour le moins un tout petit peu ému – par la mort d’une célébrité ? Qu’il s’agisse de stars ultra-populaires aux “publics” aussi variés que Michael Jackson, Serge Gainsbourg, Johnny Hallyday ou encore Lady Di… ou de figures qui font partie en toute subjectivité de notre panthéon personnel, toutes ces personnalités ont quelque chose en commun : leur décès provoque un vif émoi chez des individus qui ne les ont jamais fréquentées, ni de près, ni de loin. Pour la philosophe des sciences Vinciane Despret, il n’y a rien de paradoxal dans ce phénomène – qui dépasse largement la projection fantasmée ou la simple idolâtrie. Décryptage.

 

Maradona, Valéry Giscard d’Estaing, Christophe Dominici, ou encore John le Carré, décédé samedi dernier : l’actualité récente a été marquée par la disparition de nombreuses personnalités publiques. Comment expliquez-vous que nous pleurions ces morts que nous ne connaissions pas ?

Vinciane Despret : Il faut d’abord rappeler que cette extension du deuil au-delà de la sphère des proches n’est pas neuve. Il y a toujours des gens pour pleurer les rois, les personnes investies de pouvoir, et plus généralement les personnes célèbres. Cependant, avec les possibilités offertes par le virtuel qui décuplent nos liens, et du fait de l’hypermédiatisation d’une quantité croissante d’individus, nos possibilités d’attachements se sont étendues. Et nous constatons, de plus, que ces attachements sont extrêmement flexibles, qu’ils ne se cantonnent pas à la sphère des proches avec lesquels nous entretenons une relation réciproque. Voyez comme nous sommes capables de nous attacher à des animaux familiers. À des animaux non-familiers aussi, d’ailleurs…

 

Par exemple ?

Dans un très beau texte, le philosophe de l’écologie Aldo Leopold évoque le monument édifié dans le Wisconsin à la mémoire d’une espèce disparue : l’ectopiste migrateur, un genre de pigeon. Par le passé, les ectopistes étaient extrêmement nombreux sur le continent nord-américain : probablement plusieurs milliards. Ils étaient si nombreux que, lorsqu’ils passaient dans le ciel, leur vol faisait l’effet d’une éclipse de soleil, dit-on. Le dernier oiseau a été abattu par un chasseur en 1890. L’espèce survécut un temps au zoo de Cincinnati, jusqu’à ce que Martha, la dernière femelle, ne s’éteigne en 1914. À propos du monument élevé à leur mémoire en 1947, Leopold affirme qu’il « symbolise notre chagrin. Nous pleurons parce qu’aucun homme vivant ne verra plus l’ouragan d’une phalange d’oiseaux victorieux ouvrir la route du printemps dans le ciel de mars et chasser l’hiver des prairies du Wisconsin. » C’est peut-être la première fois que nous pleurions la disparition d’une espèce – qu’une espèce pleurait la disparition d’une autre. Cette tendance s’est amplifiée, et déployée dans de multiples domaines. Les gens pleurent désormais quantité d’êtres qui ne sont plus avec nous – des animaux qui nous accompagnaient sur Terre ou des personnes que nous n’avons pas connues, mais dont on pensait qu’elles étaient importantes pour ce monde.

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