“Vaut-il mieux être seul ou mal accompagné ?”
Question de Reynald Laurent.
Impossible de répondre qu’il vaut mieux être seul : ce serait nier la vie même, et le pouvoir de toute rencontre d’être un ferment de nouveauté, une expérience, une nourriture pour l’existence.
Impossible de répondre qu’il vaut mieux être mal accompagné : ce serait abandonner toute exigence, manquer de respect pour l’autre autant que pour soi-même. Et ce serait enfermer cet autre dans une essence, comme si c’était lui qui avait pour nature d’être un « mauvais » accompagnant, alors que c’est bien souvent sur le plan de la relation que le bât blesse.
Il faut donc croire que le problème est mal posé. Si la philosophie est l’art de bien poser les problèmes, essayons de voir comment nous pourrions le poser. Il me semble qu’il y en a en fait deux : celui de la solitude et celui de la relation. Au fond, nous sommes seuls et nous le resterons : seuls à être celui ou celle que nous sommes (une singularité), seuls face à notre conscience (morale), seuls face à la mort qui nous attend (solitude existentielle). Peut-être que nous faisons l’erreur, dans l’amour, d’en demander trop à l’autre lorsque nous lui demandons, explicitement ou implicitement, de venir pallier notre solitude existentielle, de venir combler un vide qui ne peut l’être, apaiser une inquiétude inhérente à notre condition. À l’inverse, le fait d’accepter sa solitude existentielle irréductible pourrait permettre une belle relation amoureuse : l’autre pourrait alors nous soutenir dans cette solitude et, par son amour, nous offrir l’élan pour pouvoir l’endurer, sans qu’il lui soit pour autant demandé l’impossible. Voici qui nous conduit à la réponse au second problème : qu’est-ce qu’une belle relation ? Qu’est-ce qu’être bien accompagné ? C’est voir, grâce à l’autre, sa puissance d’exister augmenter, goûter la joie de se développer au contact de sa différence, voir le monde avec d’autres yeux que les siens (en plus des siens…) et se sentir autorisé à être soi. En ce sens, il faudrait donc essayer d’être le mieux accompagné possible tout en acceptant une solitude existentielle en partie irréductible. Bref, il ne vaut pas mieux être seul que mal accompagné, ni l’inverse – mais seul et bien accompagné !
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