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Illustration : © Oriane Safré-Proust/Valérie Oualid pour PM

Motifs cachés

Valider n’est pas donner

Isabelle Sorente publié le 03 décembre 2020 3 min

Vous vous apprêtez à régler vos achats par carte bancaire, quand le terminal de paiement vous propose d’arrondir votre facture à l’euro supérieur en faveur d’une organisation caritative. Mais s’agit-il là d’un véritable don ?

 

Au moment de payer vos courses, vous avez peut-être fait l’expérience de voir apparaître une mention sur le lecteur de carte bancaire : « Voulez-vous donner pour [une cause juste] ? Si oui, tapez sur “Valider”, sinon sur “Abandonner”. » D’un côté, le V vert, de l’autre le X rouge, qui sont devenus les symboles du oui (valider) et du non (abandonner) dans notre monde technologique. Alors vous avez fait quoi ? Moi, j’ai dit non. Comme ça, d’instinct. Consciente que ce n’était pas généreux, parce que la cause en question était juste et que ce n’est pas grand-chose d’arrondir à l’euro supérieur. Le vendeur s’en fichait visiblement, il ne m’a même pas jeté un regard désapprobateur. Ça aussi, ça m’a troublée. Cette indifférence. En même temps, je me doute bien que le vendeur n’a personnellement rien à voir dans le partenariat de sa chaîne de magasins avec une quelconque organisation caritative.

Comme je me rends régulièrement dans ce magasin et que le choix (valider/abandonner) s’est reproduit, je me suis interrogée sur ma motivation – ou sur ma démotivation. Pour être tout à fait honnête, je dois préciser que je ne suis pas allergique au don, au contraire, je soutiens même mensuellement quelques causes justes.

Alors d’où vient ce sentiment d’exaspération qui me fait « abandonner » au lieu de donner ? De ne pas savoir grand-chose de l’organisation non gouvernementale ou de la cause que mon magasin a, de fait, choisi pour moi. De ce message rapide écrit en lettres minuscules. Pressée de rentrer chez moi, dans une file de clients masqués tout aussi pressés de rentrer chez eux, arrive mon tour, et hop ! la proposition. Même si je « validais », je n’aurais pas le sentiment de dire « oui ». Parce que ce serait un « oui » inspiré par des motivations totalement étrangères à une cause juste : passer pour quelqu’un de bien aux yeux du vendeur, qui, de toute façon, s’en fiche, rentrer chez moi au plus vite et ne penser à rien, une économie d’énergie impliquant de presser le bouton que je presse habituellement après avoir composé mon code, autrement dit, le V de la validation, sans déplacer mon index de l’autre côté du clavier en direction du X rouge de l’abandon. Et peut-être, peut-être, presser le V de la validation en un battement de cils, sans même lire la mention apparue sur l’écran.

L’inattention est-elle compatible avec le don ? Telle est la question. Un utilitariste pourrait soutenir que l’essentiel pour une cause juste est que les dons finissent par arriver. Mais notre inattention contribue-t-elle, à long terme, à rendre le monde plus intéressant et plus juste ? Il semblerait que non. Car le principe d’inattention, qui nous fait « valider » sans réfléchir, cliquer par défaut sur le carré apparaissant en gras, est un principe adverse aux remises en question. Or le don suppose toujours une remise en question, qui conduit à faire passer les intérêts de quelqu’un d’autre avant les siens à un moment donné. La validation cesserait d’être automatique si les vendeurs pouvaient réellement parler aux clients, entamer la discussion, expliquer le partenariat de leur magasin avec la cause juste et pourquoi ils y adhèrent ou pas. Mais cela supposerait qu’ils soient autorisés à ralentir la cadence – et donc, un vrai don de la part de leur employeur. Contrairement au don réel, un dialogue solitaire avec une machine ne tisse pas de liens.

Valider n’est donc pas donner, quand bien même la validation semble avoir un impact positif en termes de comptabilité. 

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