Utilisez les tropes des sceptiques
Stratagème n°47
Comment s’en servir
Le débat porte sur le rapport entre guerre et religion : votre adversaire soutient, comme Derrida dans Foi et Savoir (1996), que « toute guerre est au fond une guerre de religion ». Il en déduit que moins de religion conduirait à la paix. Pour le réfuter, relativisez son point de vue en citant un contre-exemple (« la guerre menée par les Soviétiques en Afghanistan n’était pas, selon moi, religieuse »). S’il intègre votre objection à sa thèse (« on a vu des popes bénir
des chars russes »), soulignez la discordance de ses arguments (« sacraliser une arme ne fait pas d’une guerre une guerre de religion »). Votre interlocuteur explique que lorsqu’on cherche la cause d’une guerre, on tombe toujours sur un motif religieux (« l’attentat de Sarajevo de 1914 n’a-t-il pas été commis par un orthodoxe contre un catholique ») ? Rétorquez que, à ce compte-là, on tombera dans la régression à l’infini (« vous pourriez aussi invoquer la Providence… »). Enfin, si votre adversaire en vient à identifier tout État à une forme d’idéologie religieuse (« certains Allemands n’appelaient-ils pas les communistes : “die rote Kapelle”, la “chapelle [en réalité, l’orchestre] rouge” ? »). Dites-lui qu’il commet là une pétition de principe (« si tout État a une dimension religieuse, la guerre se faisant entre États aura forcément un aspect religieux »). Achevez-le en affirmant que son argumentaire cache un diallèle, un argument circulaire (« vous voulez démontrer que la religion cause les guerres, car, pour vous, toute guerre est d’origine religieuse »), et vous aurez appliqué là avec succès les cinq tropes (armes) du philosophe sceptique Agrippa (fin du Ier siècle).
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