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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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© Julien Pacaud pour PM

Biographie

Une pasionaria de la vérité

Martin Duru publié le 04 décembre 2008 9 min

Morte d’épuisement à 34 ans, Simone Weil a voué son existence à la compréhension de son époque. Dénonçant l’exploitation des prolétaires, mais critique face au communisme, pacifiste engagée dans la Résistance, « chrétienne hors de l’Église », cette figure complexe séduit par son refus des compromissions dans les années les plus noires de son siècle.

La vie brève, Simone Weil l’aura vécue avec la conscience absolue de sa « vocation propre ». Avec une lucidité de franc-tireur et dans une veine prophétique souvent vérifiée, elle n’aura eu de cesse de comprendre par elle-même les phénomènes sociopolitiques et les drames de la première moitié du XXe siècle, depuis l’aliénation des ouvriers jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Ce travail d’analyse de l’actualité brûlante était selon elle inséparable de la « lutte effective », d’où une articulation permanente de la réflexion et de l’action. Un engagement impérieux, jalonné d’expériences marquantes au cours desquelles Weil se place du côté des opprimés. Mais comme le mot « vocation » le suggère, l’existence de Simone Weil est également un cheminement spirituel vers la figure chrétienne de Dieu. Cet attrait progressif se révèle indissociable de la conception qu’elle se faisait de la philosophie, envisagée comme « un changement de toute l’âme ». Ainsi, la vie foisonnante de Simone Weil, philosophe, femme engagée, mystique, est une, placée sous le signe d’une recherche éperdue de la vérité.

Simone Weil naît le 3 février 1909 à Paris. D’ascendance juive, elle est élevée dans un agnosticisme complet. Elle entretient une relation fusionnelle avec son frère aîné, André, qui deviendra un mathématicien de génie. De santé fragile, elle s’intéresse très tôt aux événements de la Première Guerre mondiale, pour laquelle son père médecin est mobilisé, et montre un attachement précoce aux laissés-pour-compte ; elle n’a que 11 ans quand sa nourrice la retrouve au milieu d’une manifestation de chômeurs boulevard Saint-Germain… Après son baccalauréat, elle entre au lycée -Henri‑IV, où, pendant trois ans, elle suit les cours d’Alain. La pensée de ce professeur charismatique, qui insiste sur le rôle de la volonté comme fondement de la liberté et de l’action, constitue le point d’ancrage de toute sa philosophie. Mélange de rigueur extrême et de sensibilité à fleur de peau, son caractère s’affirme au cours de ses années d’étudiante, notamment à l’ENS, où elle est admise en 1928. Simone de Beauvoir, qui la croise à la Sorbonne, rapporte dans ses Mémoires d’une jeune fille rangée un dialogue de sourds aussi court que révélateur : Weil ne jure que par la Révolution qui « donnerait à manger à tout le monde » ; Beauvoir soutient que le véritable problème est de « trouver un sens » à l’existence des hommes. Weil la toise et rétorque : « On voit bien que vous n’avez jamais eu faim ! »

 

Pour l’amélioration de la condition ouvrière

Weil se distingue aussi par son apparence physique : estimant que des vertus viriles de courage et d’endurance sont nécessaires à l’accomplissement de sa vie, elle refuse tout signe extérieur de féminité et s’affuble d’un costume masculin puis d’un béret. Cette « résolution d’être homme le plus possible » – comme le dira son amie et biographe Simone Pétrement – nourrit les sarcasmes : Alain l’appelle « la Martienne », Célestin Bouglé, directeur de l’ENS, la surnomme « la Vierge rouge »… Reçue à l’agrégation de philosophie en 1931, Weil est affectée au lycée de jeunes filles du Puy-en-Velay (Haute-Loire). Parallèlement, elle milite pour l’amélioration de la condition des ouvriers, en optant pour l’action syndicale, qu’elle juge seule à même d’aboutir à des transformations réelles de la société. Elle n’adhère pas au Parti communiste ; à la fin de sa vie, elle écrira une Note sur la suppression générale des partis politiques, où elle les qualifie d’« organismes publiquement, officiellement constitués de manière à tuer dans les âmes le sens de la vérité et de la justice ». En décembre 1931, elle affiche sa solidarité avec des chômeurs démunis du Puy, présentant leurs revendications au conseil municipal. Cette initiative est dénoncée par l’inspection pédagogique, qui lui reproche aussi d’aller au café avec les chômeurs en payant les consommations… Ce qui apparaît scandaleux pour une femme, fonctionnaire d’État qui plus est !

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Article issu du magazine n°25 décembre 2008 Lire en ligne
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