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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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© Serge Picard pour PM

Umberto Eco: “Philosopher, c’est régler ses comptes avec la mort”

Umberto Éco, propos recueillis par Charlotte Pineau publié le 29 novembre 2012 15 min

Philosophe de formation, sémiologue de conviction, car c’est “la forme moderne de la philosophie”, romancier et essayiste interplanétaire, Umberto Eco est devenu une légende intellectuelle. À l’aise sur tous les sujets, il prouve que la pensée est une activité réjouissante.

Il y a un mystère Eco. Comment cet enfant d’une famille modeste du Piémont, fils d’un comptable issu d’une fratrie de treize enfants et petit-fils d’un typographe, qui a passé la guerre avec sa mère reclus dans les montagnes avant d’être pris en charge par les pères salésiens de l’ordre de Don Bosco et de se consacrer à la pensée de saint Thomas d’Aquin, est devenu, à travers deux polars médiévaux à succès et quelques essais ironiques sur l’esprit du temps, un intellectuel qui parcourt aujourd’hui le monde, tel un mage, de Pékin à São Paulo en passant par Paris, pour délivrer son regard intelligent et amusé sur le triomphe des simulacres, le déclin du livre, la mentalité complotiste… ou Charlie Brown, « moment de la conscience universelle » ?

Pour éclaircir le mystère, nous sommes allés à sa rencontre, au Louvre, où il réunissait un panel d’artistes, d’architectes et d’intellectuels, européens et chinois, dans le cadre de l’Institut Transcultura dont il est le parrain. L’objectif ? Mettre en pratique la gymnastique intellectuelle qui s’impose selon lui si l’on veut parvenir à s’orienter dans le grand choc entre les civilisations qui s’opère devant nous. Ce qu’il appelle le « polylinguisme mental », ou la capacité non pas de parler une langue unique et de se projeter dans l’universel, mais de mesurer les différences, subtiles et décisives, entre les concepts fondamentaux de chaque culture. Après plus d’une heure d’un entretien virevoltant où nous avons abordé toutes les grandes questions qui l’ont occupé, nous nous promenons quelques instants devant la pyramide du Louvre. Devant ce temple de la culture, alors que des touristes le reconnaissent et l’interpellent, en français, en italien ou en anglais, voilà qu’il me livre une clé de réponse. « Vous m’interrogiez sur la manière dont j’étais passé de l’exégèse de la pensée de saint Thomas, sujet de ma thèse à Turin, à la saisie des mutations de l’esprit du temps. Mais saint Thomas ne s’occupait que des mutations contemporaines. C’est grâce à lui que j’ai appris à faire cela. » La Somme théologique, géniale anticipation de Wikipédia ? Il fallait y penser… À peine avait-il prononcé ces mots que la pluie commence à tomber. Nous nous saluons. Je le vois partir muni de son chapeau et de sa canne. Je regrette déjà le temps passé avec cet homme qui est bien plus qu’un intellectuel mondialisé : l’incarnation conjointe de la volubilité italienne et de l’esprit européen. Mais le mystère Eco s’est un peu éclairci. M. L.

Umberto Eco en six dates

  • 1932 Naissance à Alessandria (dans le Piémont, en Italie)
  • 1954 Docteur en philosophie de l’université de Turin avec une thèse sur Le Problème esthétique chez Thomas d’Aquin (PUF)
  • 1956 Assistant à la RAI (la radio-télévision italienne)
  • 1971 Titulaire de la chaire de sémiotique à l’université de Bologne, où il dirigera l’École supérieure de sciences humaines
  • 1980 Publication du Nom de la rose (Grasset)
  • 2011 Leçon inaugurale au Collège de France, « La Quête d’une langue parfaite dans l’histoire de la culture européenne »

Romancier, historien du Moyen Âge, critique de la culture de masse, sémiologue, éditorialiste… vous êtes un intellectuel « polyvalent ». Mais vous avez commencé par la philosophie. Est-ce que ce fut votre première vocation?

Umberto Eco : On veut toujours faire plusieurs choses dans la vie. À 3 ans, je voulais être conducteur de train. Ma vocation est née au lycée où j’ai eu un professeur admirable. J’avais aussi deux amis plus âgés qui faisaient de la philosophie. Ils essayaient de me démontrer à quel point j’étais stupide et cela me remplissait d’orgueil ! Néanmoins, j’ai dû me battre pour pouvoir faire des études de philosophie. Mon père, comptable, venait d’une famille de treize enfants et voulait que je devienne avocat. Pour lui, faire de la philosophie c’était mourir de faim. Il me voyait prendre le train chaque jour à 5 heures du matin pour aller enseigner dans un petit village perdu du Piémont. Mais, finalement, j’ai vaincu ses réticences…

 

Quels philosophes ont compté pour vous?

Saint Thomas, comme modèle de raisonnement. Il ne reste peut-être rien de ses thèses, mais la façon dont il mettait en ordre les pensées est fantastique. À l’université, deux livres m’ont marqué : l’Essai sur l’entendement humain de Locke et l’Éthique de Spinoza.

 

Deux branches contraires de la raison moderne, l’empirisme et le rationalisme…

Il ne vous est jamais arrivé de tomber amoureux de deux femmes très différentes ? Ne peut-on apprécier l’art d’un boxeur et celui d’une danseuse ?

 

Le sport, la bande dessinée, les faits divers, la télévision, vous abordez des domaines extra-philosophiques…

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