Aller au contenu principal
Menu du compte de l'utilisateur
    S’abonner Boutique Newsletters Se connecter
Navigation principale
  • Le fil
  • Archives
  • En kiosque
  • Dossiers
  • Philosophes
  • Lexique
  • Citations
  • EXPRESSO
  • Agenda
  • Masterclass
  • Bac philo
 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
rechercher
Rechercher

(cc) BeckGroeberKleine / Wikimedia Commons

Entretien

Ulrich Beck : “Il y a toujours eu des intellectuels pour annoncer la fin du monde”

Ulrich Beck, propos recueillis par Oriane Jeancourt-Galignani publié le 24 septembre 2012 8 min

Si Ulrich Beck [décédé le 1er janvier 2015], pensait que la gestion des risques est l’enjeu majeur de la civilisation contemporaine, il n’était pourtant pas un prophète de malheur. Convaincu que l’Europe est la dernière utopie politique, que la technique et la mondialisation peuvent être maîtrisées, le sociologue allemand refusait la facilité du pessimisme.

 

En 1986, alors que l’explosion du réacteur de Tchernobyl révèle la vulnérabilité de l’Europe face à une catastrophe écologique et technique, Ulrich Beck signe un livre au titre provocateur, La Société du risque. Par ce concept pionnier, ce sociologue de l’université de Munich prend acte d’une nouvelle ère : nous vivons désormais dans une société où tout est perçu comme un risque. Conséquence : la sécurité s’est instaurée comme valeur centrale. L’avenir devient un défi quotidien, l’anticipation des catastrophes, une manière de refonder le lien social. La lutte des classes cède la place à une société de « répartition des risques ». Ironie du sort, le livre paraît en France en 2001, au lendemain des attentats du 11 septembre. De la théorie de « la société du risque », naît une idée à succès : le développement durable. En 2007, Ulrich Beck, devenu un colosse de la sociologie, est toujours installé dans son institut de recherches à Munich. Mais il s’échappe souvent de Bavière pour débattre à l’étranger : de Toni Negri, philosophe altermondialiste, à Zygmunt Bauman, penseur du « présent liquide », il se confronte aux grands théoriciens actuels pour renouveler son approche. Apparenté au SPD, la gauche allemande, Ulrich Beck se veut libre de toute appartenance idéologique. Cet indéfectible optimiste croit en un modèle politique neuf : l’Europe cosmopolitique.

 

Un des points majeurs de la théorie de la société du risque est que “la peur crée sa propre réalité”. Qu’entendez-vous par là ?

Ulrich Beck : Paradoxalement, la peur peut créer un lien social grâce à une nouvelle forme d’opinion publique. Prenez l’ouragan Katrina : les reportages consacrés à la Nouvelle-Orléans par les médias internationaux ont propagé partout dans le monde un effroi face à la pauvreté et au racisme des États-Unis. L’Autre exclu est soudain omniprésent et focalise même tout l’intérêt national des pays occidentaux. Les risques globaux nous obligent donc à prendre en compte les autres, culturellement autres, dans notre appréciation du monde. Cela se retrouve dans l’exemple du tsunami en Asie du Sud-Est. L’omniprésence du risque a donc une force de cohésion sociale.

 

Pourquoi votre intérêt porte-t-il aujourd’hui sur la “société mondiale du risque” ?

Ma théorie, exposée en 1986, repose sur un constat simple : la production des richesses est désormais intimement liée à une production de risques, comme l’illustre l’exemple de l’énergie nucléaire. Cela pose un problème de justice sociale. Si une partie seulement de la société profite de certaines richesses, une déprédation de l’environnement – une marée noire ou un nuage toxique radioactif – frappe toutes les classes sociales et traverse les frontières. Il y a vingt ans, je raisonnais encore largement dans un cadre national. À l’époque, la mondialisation du risque n’était pas encore perceptible. C’est pourquoi j’ai voulu reformuler ma théorie en identifiant plusieurs catégories de risques, nouvelles et transnationales : les catastrophes naturelles, comme le changement climatique et ses conséquences ; les grands risques techniques résultant des nanotechnologies ou des technologies de l’information ; et enfin, une toute autre forme de risque, le terrorisme. Dans tous les cas, l’enjeu consiste à anticiper les conséquences de catastrophes intentionnelles qui rendent une action politique nécessaire.

Expresso : les parcours interactifs
Pourquoi lui, pourquoi elle ?
Comment expliquer nos choix amoureux ? Faut-il se fier au proverbe « qui se ressemble, s'assemble », ou doit-on estimer à l'inverse que « les opposés s'attirent » ? La sociologie de Bourdieu et la philosophie de Jankélévitch nous éclairent.
Découvrir Tous les Expresso
Sur le même sujet
Article
5 min
Mort du sociologue Ulrich Beck
Cédric Enjalbert 05 janvier 2015

Le sociologue allemand Ulrich Beck est mort à 70 ans, le 1er janvier 2015 d’un infarctus. Il a forgé la notion de « société du risque » comme clé…

Mort du sociologue Ulrich Beck

Article
4 min
Ulrich Beck: “Les toxiques grouillent comme les démons du Moyen Âge”
Ulrich Beck 27 avril 2011

En 1986, l’année de Tchernobyl, Ulrich Beck signe “La Société du risque”. Il fait apparaître les risques comme l’invisible des modernes, une…

Ulrich Beck: “Les toxiques grouillent comme les démons du Moyen Âge”

Article
5 min
Ulrich Beck : “Merkel est une héritière très originale de Machiavel”
Philippe Nassif 04 juillet 2013

Dans “Non à l’Europe allemande”, un essai clair et combatif, le sociologue Ulrich Beck, décédé ce 1er janvier 2015, invente des alternatives…

Ulrich Beck : “Merkel est une héritière très originale de Machiavel”

Entretien
12 min
Serge Gruzinski : "Les Européens de la Renaissance sont moins eurocentrés que nous ne le sommes"
Sven Ortoli 08 septembre 2023

Dans la frénésie d’expansion et de découvertes des Européens, des empires autrement plus vastes que celui de Charles Quint ou Manuel Ier découvrent en retour les Européens – qui sont parfois pour eux de barbares étrangers… Tout est…


Article
13 min
Zygmunt Bauman : “L’amour liquide n’a pas que des agréments”
Patrice Bollon 31 août 2012

[Actualisation : l’intellectuel est mort le 9 janvier 2017 à l’âge de 91 ans, à Leeds, au Royaume-Uni] Zygmunt Bauman est un homme discret, au…

Zygmunt Bauman : “L’amour liquide n’a pas que des agréments”

Article
3 min
Une dangereuse utopie ?
Anne-Sophie Moreau 21 août 2012

L’amour, dernier pôle de résistance au capitalisme ? Oui, mais attention à ne pas le sacraliser ! C’est l’avertissement que lance Ulrich Beck,…

Une dangereuse utopie ?

Article
5 min
Alain Supiot : “Montesquieu part de la diversité des civilisations pour organiser leur solidarité”
Victorine de Oliveira 21 mars 2023

Juriste et professeur émérite au Collège de France, Alain Supiot a préfacé la réédition des Lettres persanes de Montesquieu. Avec le penseur des…

Alain Supiot : “Montesquieu part de la diversité des civilisations pour organiser leur solidarité”

Article
4 min
Saskia Sassen : « Les opprimés peuvent agir par des voies détournées »
17 septembre 2012

Trois questions à… Saskia Sassen, économiste et sociologue de renommée internationale, professeure à l’université de Columbia. Auteure notamment de La Globalisation. Une sociologie (Gallimard), elle livre ici sa réflexion sur la crise…


Article issu du magazine n°12 août 2007 Lire en ligne
À Lire aussi
Canular intellectuel: deux chercheurs piègent une revue de sociologie
Canular intellectuel: deux chercheurs piègent une revue de sociologie
Par Cédric Enjalbert
mars 2015
Philippe Beck. La tête dans l’encrier
Par Juliette Cerf
octobre 2012
Emma Becker-Arthur Dreyfus. Au-dessous du volcan
Emma Becker-Arthur Dreyfus. Au-dessous du volcan
Par Cédric Enjalbert
juillet 2021
  1. Accueil-Le Fil
  2. Articles
  3. Ulrich Beck : “Il y a toujours eu des intellectuels pour annoncer la fin du monde”
Philosophie magazine n°178 - mars 2024
Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
Avril 2024 Philosophe magazine 178
Lire en ligne
Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
Réseaux sociaux
  • Facebook
  • Instagram
  • Instagram bac philo
  • Linkedin
  • Twitter
Liens utiles
  • À propos
  • Contact
  • Éditions
  • Publicité
  • L’agenda
  • Crédits
  • CGU/CGV
  • Mentions légales
  • Confidentialité
  • Questions fréquentes, FAQ
À lire
Bernard Friot : “Devoir attendre 60 ans pour être libre, c’est dramatique”
Fonds marins : un monde océanique menacé par les logiques terrestres ?
“L’enfer, c’est les autres” : la citation de Sartre commentée
Magazine
  • Tous les articles
  • Articles du fil
  • Bac philo
  • Entretiens
  • Dialogues
  • Contributeurs
  • Livres
  • 10 livres pour...
  • Journalistes
  • Votre avis nous intéresse