“Saïgon” : quand l'histoire ne passe pas
Conçu à partir de témoignages de Vietnamiens déracinés, “Saïgon” a ému Avignon aux larmes. Dans ce spectacle repris en tournée, Caroline Guiela Nguyen compose un mélodrame avec les blessures de l’exil.
Saïgon, un nom devenu mythique. Il ne recouvre plus rien d’existant, persistant seulement dans la mémoire. Débaptisée au profit d’Hô Chi Minh-Ville en 1976, elle symbolise une absence, que Caroline Guiela Nguyen poursuit dans Saïgon. Partie, avec les membres de sa compagnie, à la rencontre des Viet Kieu, littéralement les Vietnamiens de l’étranger, poussés à l’exil en 1956, après la défaite française en Indochine, dont certains aujourd’hui sont revenus, elle s’est emparée de ces histoires intimes et familiales, qu’elle a recueillies au Vietnam et dans le 13e arrondissement de Paris. Réunissant des acteurs professionnels et des amateurs, les époques et les trajectoires autour de cette ville fantôme, « chargée d’un manque », Saïgon a ému aux larmes les spectateurs du Festival d’Avignon.
L’impossible retour
Débutant en 1996, à la levée de l’embargo au Vietnam, permettant le retour des Veit Kieu, la pièce opère régulièrement des retours en 1956 ; dans un même espace – la salle et la cuisine d’un restaurant –, les époques et les récits se téléscopent, au gré des passages et des rencontres. Marie-Antoinette (interprétée par la remarquable Anh Tran Nghia) est la propriétaire de cette cantine kitsch – avec fleurs artificielles, loupiottes et mini-scène pour chanter –, ainsi que le trait d’union entre tous les personnages et la mémoire commune de ces histoires. Doyenne de cette assemblée, elle a connu l’exil et le déracinement, comme Linh, la mère d’Antoine, émigrée en 1956 avec Édouard, un soldat français dont elle était éprise, avant qu’ils ne débarquent en France et que leurs rapports se gâtent. Hao, lui, a collaboré avec les colons, avant de quitter le pays et son amour.
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