Survivalistes, prêts pour le pire ?
En France comme ailleurs en Occident, de plus en plus de personnes vivent en se préparant à une éventuelle catastrophe. On les appelle les survivalistes. Ils s’organisent pour résister aussi bien à une panne d’électricité prolongée qu’au réchauffement climatique. Visionnaires ou paranoïaques ? Nous sommes allés les voir, de la Dordogne à Paris.
« Si l’on veut du lapin pour ce soir, il ne faut pas le louper », murmure Denis en bandant son arc. Manqué ! « Heureusement, il y a plein de châtaignes en ce moment », s’amuse-t-il en ramassant le faux animal en mousse. Gamin, Denis (photo ci-contre) voulait être un Indien. Il aimait bâtir des cabanes, chasser les ragondins. Ce diplômé de l’école des beaux-arts finira designer à Bordeaux, apprenant à travailler le bois. Au lendemain de la chute du mur de Berlin, il s’accorde même une existence rangée après un coup de folie : un tour d’Europe à pied pendant un an, « à vivre comme un clodo ».
« J’avais réalisé qu’être Indien, ce n’était pas un métier. J’ai monté mon affaire avec ma femme mais j’en ai eu marre. » Marre de courir après les clients et de la « spirale infernale » de l’argent. Sa détestation grandissante du milieu urbain l’amène à revenir au contact de la nature. « J’ai toujours considéré la ville comme un espace dénué et hostile. On dépend des réseaux, en flux tendus, tout le temps… Un grain de sable dans le système, une coupure d’électricité prolongée, et c’est fini : plus de gaz, plus d’eau, plus de sécurité, les pillages commencent, affirme-t-il. Le plus dangereux, ce sont les congénères, les mouvements de foule consécutifs à une panne ou une insurrection. On est capable de s’entre-tuer pour une boîte de cassoulet. »
À 38 ans, Denis décide d’aller vivre avec femme et enfants dans une ferme de 1850 – avec son fournil, sa porcherie, sa grange et son chai – située dans un hameau au cœur de la Dordogne. « La grand-mère de ma femme vivait ici. Moi, mes grands-parents étaient à Paris. La peur au ventre, ils ont crevé la dalle pendant la Seconde Guerre mondiale. Ils voyaient des Allemands tous les jours, et leur maison a été détruite dans un bombardement. Ici, c’était le paradis en comparaison. »
Denis nous fait visiter son nouveau monde qu’il aménage depuis seize ans. Jardin potager, arbres fruitiers, réservoir d’eau de 20 m3 et, un peu plus loin, sur le toit d’une grange, 200 m² de panneaux solaires qui rendent le hameau presque autonome en électricité. À l’abri des bâtisses de pierre, des stocks d’essence, de pâtés, de cèpes et de confitures. « Le secret pour tenir, c’est de bien conserver, professe le cinquantenaire. Mais je ne veux pas que cela devienne une obsession. J’aspire simplement à vivre à l’ancienne, à une époque où les paysans connaissaient la nature, les plantes. Regardez autour de vous, 90 % de ce que vous voyez peut vous nourrir ou vous soigner. »
Nous nous écartons de la ferme pour nous enfoncer dans la forêt de Rozel. C’est là que Denis exerce son nouveau métier. « J’organise des stages où l’on apprend à survivre dans les bois avec rien. On apprend à trouver de l’eau, de la nourriture, à faire du feu et à rester au sec. » Arrivé dans une clairière, notre guide saisit dans l’humus un silex ébréché. « Il y en a plein dans le coin. Des hommes préhistoriques vivaient ici. Nous venons de là... »
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