Stratagème n°49. Néologisez

Nicolas Tenaillon publié le 2 min

Comment s’en servir

Pour frapper les esprits et les manipuler, il est bon d’utiliser des formules chocs. Cet art de la concision atteint son paroxysme lorsqu’on invente des néologismes. Ce qu’ont bien compris les publicitaires et les politiques. Ainsi, le FN a forgé le mot-valise : « UMPS » dans le but d’amalgamer droite et gauche, de les stigmatiser et de se présenter comme une alternative crédible. Mais d’où vient l’efficacité de ce stratagème ? D’abord, s’il est réussi, le néologisme valorise son auteur qui apparaît capable de saisir en un mot novateur le défaut d’un adversaire, la tendance d’une époque (Badinter parlant de la « lepénisation des esprits ») ; ensuite un bon néologisme est aisément mémorisable. À force d’être martelé par ceux qui l’inventent, il se diffuse facilement et se substitue inconsciemment aux mots du langage courant. Dans 1984, George Orwell dénonçait cette emprise lorsqu’il décrivait le vocabulaire B de la « novlangue » voulue par Big Brother comme un lexique fait de mots composés (« crimepensée ») destinés non à exprimer des idées mais à les détruire. Celui qui parvient à imposer un néologisme peut donc changer les mentalités et le cours de l’histoire. C’est pourquoi l’introduction de mots nouveaux n’est pas le seul fait des publicitaires ou des politiques. Les philosophes, eux aussi, aiment les néologismes comme le rappelaient Gilles Deleuze et Félix Guattari dans Qu’est-ce que la philosophie ? (1991). Car si la philosophie est « l’art de créer des concepts », c’est souvent en inventant des néologismes (comme l’« utopie » de Thomas More) qu’elle le fait.

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