Entretien

Stéphane Braunschweig. « Le Ring raconte le combat de l’œuvre d’art avec le monde réel »

Barbara Bohac publié le 3 min

Stéphane Braunschweig met en scène Le Ring de Richard Wagner dont les quatre parties sont présentées au Festival d’Aix-en-Provence jusqu’en 2009. Après L’Or du Rhin, donné en 2006, La Walkyrie représente le désir de totalité voué à l’échec.

Philosophie magazine : Richard Wagner a voulu créer l’œuvre d’art totale. Cette notion est-elle encore opérante à notre époque ?

Stéphane Braunschweig : La Tétralogie répond à la volonté de produire une œuvre d’art susceptible d’accueillir, par le biais d’une mythologie reconstruite, le monde dans sa totalité. Mais ce qui m’intéresse dans l’œuvre de Wagner c’est précisément comment la totalité échappe. Le désir de totalité est voué à l’échec, parce que Le Ring raconte le combat de l’œuvre d’art avec le monde réel. Le dieu Wotan ressemble à un enfant qui veut tout avoir : pouvoir, amour, immortalité. Or ces biens ne sont pas compatibles : garder l’amour, par exemple, empêche de posséder le pouvoir absolu assuré par l’anneau du Nibelung. Dans L’Or du Rhin, Wotan est confronté à l’impossibilité de tout avoir. Au début de La Walkyrie, il tente de se réfugier dans le fantasme en misant secrètement sur l’amour de Sieglinde et Siegmund, ses enfants jumeaux, pour récupérer le fameux anneau perdu, mais ce processus de fuite en avant subit un coup d’arrêt à l’acte II. À partir de là, un autre Wotan apparaît, moins joueur, plus noir, plus nihiliste aussi, parce qu’il se trouve face à ses contradictions.

Expresso : les parcours interactifs
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