“Spinoza encule Hégel” : Mai-68 sans queue ni tête
Il y a quarante ans, l’écrivain Jean-Bernard Pouy faisait paraître ce petit roman déjanté au titre aussi énigmatique que savoureux. Dans une France post-apocalyptique située juste après Mai-68, il imaginait des factions gauchistes en lutte les unes contre les autres. Une hilarante profession de foi libertaire où se fait jour une critique virulente et toujours très actuelle du sectarisme.
Spinoza encule Hégel. Le titre – avec son accent aigu signature – pourra intriguer, amuser, outrer. Traité de philosophie rageur ? Fiction érotique ? Non, polar politique déjanté. Paru chez Albin Michel en 1983, il y a quarante ans, il s’agit du premier livre de l’écrivain Jean-Bernard Pouy, connu comme l’un des maîtres du polar et comme disciple de l’Ouvroir de littérature potentielle (Oulipo), qui a fait les beaux jours de Des Papous dans la tête, l’émission culte de France culture.
Mad Marx au lycée
Jean-Bernard Pouy explique que le livre doit en grande partie son existence au métier qu’il exerçait alors, pion-animateur culturel dans un lycée d’Ivry-sur-Seine. Proche de la plupart des élèves – dont un certain Maurice Dantec, qui connaîtra lui aussi une sulfureuse carrière d’écrivain –, ceux-ci, constatant la dégaine et la liberté de ton et de pensée de leur surveillant, lui demandaient régulièrement de lui raconter les barricades et les bagarres de Mai-68, événement auquel il ne pouvait qu’avoir participé.
À force de raconter, Pouy explique qu’il s’est mis à broder, enjoliver, inventer, se découvrant des talents de conteur. Il décide donc de consigner ses récits déjantés par écrit. Il est aidé en cela par la sortie, en Australie, du film post-apocalyptique Mad Max, qui lui fait dire, comme il s’en est expliqué dans l’émission À voix nue sur France culture, qu’« il y avait quelque chose dans l’air de propice aux sagas crypto-moyenâgeuse avec des motifs modernes ». De fait, Spinoza encule Hégel a tout du roman post-apocalyptique : Pouy y imagine de quelle manière aurait pu virer Mai-68 – « le grand merdier » – si le mouvement s’était vraiment radicalisé, dans une France où l’État et les institutions sont aux abonnés absents et où les milices de ville tentent de faire régner un semblant d’ordre à un moment où les gangs étudiants, armées et biberonnées chacun à leur propre système de pensée, s’entretuent.
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