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Le “kintsugi” (金継ぎ) est l’art japonais de la réparation, à la laque d’or, des céramiques endommagées. Cette technique suit les principes du “wabi-sabi” (侘寂), courant esthétique et philosophique invitant à assumer et même admirer l’imperfection du monde. © Marco Montalti/iStockphoto

Vie quotidienne

Repenser les objets qui nous entourent

Audrey Jougla publié le 08 octobre 2022 8 min

C’est ce stylo qui marche mal et que l’on jette, cette imprimante qui fait des siennes et qui nous pousse à en racheter une nouvelle, ce jean troué que l’on ne prendra pas la peine de raccommoder. Nous considérons nos objets comme jetables, remplaçables, rarement réparables. Ce rapport s’est étendu aux infrastructures, aux villes : le cours normal est qu’elles soient autonomes, en état de marche. Mais avec la crise environnementale sans précédent que nous traversons, une révolution est peut-être en marche…

 

Cette consommation immodérée, portée aux nues dans les pays occidentaux au XXe siècle par le culte de l’innovation et de la production, est en effet à interroger à l’aune des crises que nous traversons. La réparation et l’entretien instaurent une autre manière de traiter les objets qui nous entourent : en prendre soin. Dans Le Soin des choses, à paraître le 13 octobre aux Éditions La Découverte, les sociologues David Pontille et Jérôme Denis enquêtent justement sur ce que notre relation aux objets et leur entretien dit de notre rapport au temps, à la matière, et de notre propre responsabilité. Immersion dans le monde des objets.

Émergence du consommateur et de l’usager

Il y aurait en moyenne 300 000 objets dans un foyer aux États-Unis, ce qui expliquerait le régulier besoin de trier, de ranger, pour lutter contre l’envahissement – occupation principale pour bon nombre de Français lors du premier confinement. Le succès des leçons de rangement de Marie Kondo témoigne aussi d’un besoin d’ordre et de tri au sein de cette multitude d’objets. La mode de l’épuré ou du minimalisme valorise d’ailleurs cette capacité à avoir peu mais bien, dans une optique de confort et de bien-être. Lutter contre l’accumulation d’objets requiert un effort, tant il va à l’encontre de ce que la société de consommation, voire de surconsommation, impose. « Le modèle de consommation de masse a instauré la figure d’un consommateur qui n’a pas à se préoccuper de l’état des choses qu’il utilise », remarquent David Pontille et Jérôme Denis, pointant du doigt un modèle qui « repose sur une oblitération de la fragilité matérielle des choses ».

Cette « négation de l’usure », comme ils la décrivent, est encouragée par le capitalisme et la modernité dès les années 1920 : acheter des produits nouveaux, pour soutenir l’économie, revêt une dimension patriotique aux États-Unis, tandis que les produits jetables (pour l’hygiène notamment) et les objets « made to break » (faits pour se casser) ont une durée de vie limitée. Simultanément apparaît la figure de l’usager, par exemple pour les transports en commun, organisant une partition « entre ceux qui ont juste à se servir des infrastructures en bon état, et ceux qui s’en occupent, les équipes de maintenance. C’est un partage des formes attentionnelles et des façons de faire attention », précise Jérôme Denis lors de notre entretien. « Avec l’invention de l’usager, naît une configuration très particulière des rôles. On peut se permettre de ne pas penser à la fragilité des choses », poursuit-il. La maintenance, l’entretien, sont bien souvent invisibles comme ceux dont c’est le métier, alors que leur action est indispensable, comme le fait d’avoir des vitrines propres dans un musée pour en admirer les œuvres. « La maintenance représente une part considérable de ces usages rendus invisibles par le prisme quasi exclusif de l’invention », précisent les auteurs dans Le Soin des choses. Réfléchir à l’entretien et la réparation devient alors un contre-récit pour « résister à l’obsession aveuglante de l’innovation », écrivent-ils.

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