Recherche et création, au Festival d'Avignon

« Nous ne pensons pas que la recherche qui s’effectue sur les plateaux soit différente de celle qui s’invente dans les laboratoires ou les bibliothèques, écrit Olivier Py en introduction de Corps en scène (CNRS éditions, 2015). Ainsi est-il possible de se représenter l’art théâtral au sens large comme une discipline supplémentaire des sciences humaines ou, mieux encore, comme l’expérimentation qui les relie ou les relaie » poursuit-il, renouant avec le vœu de Jean Vilar de faire du Festival d’Avignon un lieu de « rencontres » où se croiserait artistes et chercheurs.

Ce vœu, l’Agence nationale de la recherche lui a donné forme en créant, en association avec le Festival d’Avignon, des journées de réflexion autour de la recherche et de la création.

La seconde édition de ces rencontres se tiendra cette année les 9, 10 et 11 juillet 2015, dans le cadre des « Ateliers de la pensée » et en partenariat avec de grandes universités européennes.

S’y rencontreront des anthropologues, des historiens, des philosophes, des sociologues et des linguistes, mais aussi des chercheurs en sciences cognitives et en neurosciences, lesquels dialogueront avec les artistes invités du Festival.

 À noter, au programme de ces trois journées de rencontres, dont Philosophie magazine est partenaire:

- la présence de l’historien Georges Vigarello, qui se penchera sur l’invention d’une virilité moderne à travers quelques exemples shakespeariens, le jeudi 9 juillet lors d’une thématique intitulée “Pouvoir, morale et séduction”. Les personnages shakespeariens nourriront aussi l’exploration de l’incohérence affective et de la répulsion morale, à partir de la figure du monstre (Richard III), par le professeur de psychologie Benoit Monin.

- Le même jour, dans l’après-midi, interviendront Alain Clémence, professeur de psychologie sociale à l’Université de Lausanne, sur la question de la relation entre les croyances et le raisonnement, dans la résolution des conflits. Martin Puchner, professeur de théâtre et de littérature comparée à l’ Université d’Harvard montrera comment le théâtre philosophique de Platon est une provocation née précisément dans les marges du théâtre et dirigé contre lui, tandis que le professeur au Collège de France Thomas Römer interviendra sur la question de l’interprétation et de la mise en intrigue, à partir de la Thorah. L’historien Patrick Boucheron, conclura la journée en s’intéressant aux « limites de la narration historienne ».

- Le lendemain une première série de rencontres portera sur la question corps, des gestes, de la conscience, à travers deux thématiques : « Corps en présence » et « Verbal, non verbal ». La matinée se déroulera en présence de la chorégraphe Emmanuelle vo-Dinh et l’après-midi de celle de l’auteur et metteur en scène Valère Novarina.

- Enfin, le samedi 11 juillet, dans l’après-midi, Paul Aron, professeur à l’Université Libre de Bruxelles, montrera comment l’appropriation du passé par les acteurs et les metteurs en scène, aujourd'hui, et la mise en connexion de faits et de récits que le discours médiatique a tendance à séparer modifie le rapport du théâtre contemporain au politique. Le professeur de philosophie politique Jean-Marc Ferry cherchera à savoir ce qu’il reste des rêves collectifs et des utopies, tandis que Thomas Römer reviendra, pour conclure, sur l’invention de la séparation du religieux et du politique à travers l’exploration de la Thorah et de la fiction mosaïque.

Programme complet sur le site de l’Agence nationale de la recherche >>