“Re: Walden”: Thoreau et les nouveaux chemins de la liberté
Aller “titiller” le spectre de Thoreau, chantre de la nature et de simplicité volontaire, avec les équipements numériques sophistiqués: tel est le pari de Jean-François Peyret, qui monte un spectacle d'après “Walden”, bible des écologistes. Une plongée onirique et fabuleuse dans cette œuvre philosophique, mi-scientifique mi-autobiographique, fondatrice de la pensée américaine.
Re:Walden fait violence au fameux texte de Henry David Thoreau, que certains disent « culte » pour être l’un des grands précurseurs de l’écologie, un critique féroce de la civilisation capitaliste et le pionnier de la désobéissance civile.
Cette interprétation aidée par les ressources numériques de Walden ou la vie dans les bois prend appui sur les ressorts littéraires de cet essai non réductible à ses doctrines. Car Walden, du nom du lac auprès duquel Thoreau prend refuge, ne chante pas seulement l'appel de la nature, il appelle aussi « à simplifier notre vie, à dire non d’une voix de stentor, et à ignorer les mille âneries qu’on tente de nous imposer » comme l'écrit l'écrivain Jim Harrison.
La richesse du monde numérique
Walden critique vertement tous les phénomènes d'aliénation et montre avec art que nous sommes les outils de nos outils, comme le souligne Jean-François Peyret. Ce dernier signe l’adaptation et la mise en scène du spectacle, avec notamment pour interprète Jos Houben, connu pour son numéro comique intitulé L'Art du rire. On retrouve, mêlés, les thèmes chers à Thoreau, ce chantre de la liberté : écologie, dissidence, appel de la nature…
Mais la richesse du monde numérique, que ne cesse d’explorer Jean-François Peyret dans ses spectacles, sert aussi d’écho et de contrepoint à l’univers de Thoreau : écho, elle symbolise et prolonge les nouveaux chemins de la liberté et de la dissidence frayés par la technique ; contrepoint, elle incarne un modèle radicalement opposé à l’isolement et au retrait dans la plus grande simplicité de la nature prônée par l’auteur, à son rejet des illusions et des artifices et à son éloge du vivant.
« Dans Walden, Thoreau orchestre un art de vivre basé sur la pauvreté volontaire, condition préalable à l’appréciation épicurienne du simple plaisir d’exister et à la réflexion sur le sens de la vie. Au bord du lac, il éprouve le sentiment stoïcien de communion avec la nature ; la solitude, le silence, le calme, la lenteur favorisent la contemplation. Il revient à l’essentiel, ce “point d’appui” sur lequel refonder une vie indépendante ».
Dans les brumes d'une pensée
Ni silence ni calme dans cette adaptation: la projection vidéo omniprésente crée un paysage d'impressions, un remarquable kaléidoscope de sensations, qui ravive les interrogations nées de notre rapport à la technique, notre « dénaturation ». Le travail auquel le texte est soumis, les torsions que Jean-François Peyret et ses acteurs lui imposent en le destructurant, le propulse parfois dans les brumes d'une pensée, parfois plus esthétique qu'inspirée, mais toujours dynamique et stimulante .
« Être philosophe, note Thoreau, ce n’est pas seulement avoir des pensées profondes, ou même fonder une école, c’est aimer la sagesse au point de vivre selon ce qu’elle prescrit, une vie de simplicité, d’indépendance, de magnanimité et de confiance. C’est résoudre les problèmes de la vie, pas seulement en théorie, mais en pratique. » Avec Re:Walden, Jean-François Peyret rappelle qu'il en va de même des gens de théâtre et des artistes plus largement, qui n'entendent pas poser les problèmes de la vie du haut de la théorie, mais bien les mettre en pratique, sur le plateau, dans la matière des textes et à travers les corps.
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