Qu’est-ce qui fait qu’on reste jeune même quand on vieillit ?
Faire de l’exercice, manger des fruits, entretenir sa mémoire en apprenant des poèmes… Est-ce vraiment grâce à ce genre de pratiques que l’on reste jeune ? Qu’est-ce qui ne vieillit pas en nous, lorsqu’on avance en âge ? Nicolas Tenaillon, qui s’était posé la question « À quoi voit-on qu’on a vieilli ? » l’an passé, mène la réflexion sous l’œil avisé de Jean-Jacques Rousseau.
L’innocence retrouvée ?
« L’enfant vit mais n’a pas conscience de vivre », écrit Rousseau. Cette ignorance n’est pas que faiblesse : elle est un gage d’authenticité. Mais peut-on retrouver cette innocence première quand on a déjà beaucoup vécu ? Rien n’est moins sûr, car oublier ce que la vie nous a appris ne semble pas pouvoir relever de la volonté. Amnésie subie ou bêtise de celui que l’expérience n’éveille pas, le soupçon pèse lourdement sur celui qui manifeste un cœur pur à un âge avancé. Il y a de l’artifice à mimer l’insouciance de la première jeunesse. Seul le mythe de la fontaine de Jouvence peut nous donner l’illusion qu’on peut effacer le passage des ans.
“Je vais vous dire trois métamorphoses de l’esprit : comment l’esprit devient chameau, comment le chameau devient lion, et comment enfin le lion devient enfant”
Pourtant, Friedrich Nietzsche croit possible un tel retour à l’innocence perdue. Dans le prologue de son Ainsi parlait Zarathoustra (1885), le vieux prophète perse nous montre la voie pour parvenir à un tel rajeunissement : « Je vais vous dire trois métamorphoses de l’esprit : comment l’esprit devient chameau, comment le chameau devient lion, et comment enfin le lion devient enfant. » Admettre qu’on a longtemps porté le fardeau des valeurs des autres (le chameau), avoir eu la force de s’en affranchir en les combattant (le lion) pour finalement vivre pleinement le sentiment de l’existence comme un enfant qui n’est qu’« innocence et oubli, commencement nouveau, jeu, roue qui se meut d’elle-même, premier mobile, affirmation saine », tel serait le comble de la sagesse aux yeux de Zarathoustra, le porte-parole de Nietzsche.
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