Qu’est-ce qui caractérise les caractères ?
Absents de la réflexion philosophique depuis des siècles, les caractères refont surface. Du philosophe Frédéric Spinhirny à l’humoriste Lison Daniel, on prête à nouveau attention à nos multiples styles d’existence. Jean-Marie Durand tente de cerner les contours de cette notion réputée aussi insaisissable que notre humaine condition.
Si Les Caractères, écrit vers 320 avant Jésus-Christ par Théophraste (élève d’Aristote), prolongé par la satire de Jean de La Bruyère,, publiée en 1688, ont pris au sérieux la réflexion sur nos caractères, la philosophie moderne s’en est étrangement désintéressée. Trop ambivalents et insaisissables pour un esprit rationnel, les caractères n’occupent guère l’esprit des philosophes. Comme si Théophraste et La Bruyère avaient épuisé de leur génie propre la question ! Comme si, surtout, le caractère butait sur la possibilité d’en conceptualiser rigoureusement le cadre.
Le caractère reste une impression vague plutôt qu’un concept en vogue. Il n’est qu’« une figuration impressionniste », comme le suggère le philosophe français Frédéric Spinhirny dans son récent essai, Les Caractères aujourd’hui. Ce qui résiste et ce qui cède (Payot). Une figure impressionniste, certes, mais qui, lorsqu’on joue avec ses caricatures possibles, comme le fait l’humoriste Lison Daniel sur son compte Instagram et désormais dans son livre Les Caractères (Grasset), devient une figure d’incarnation. De la Marseillaise au sang chaud qui maltraite les touristes parisiens à la grande bourgeoise confinée à Saint-Lu et dépassée par l’intendance de ses trois résidences secondaires, l’humoriste de la Matinale de France Inter puise dans la notion de caractère l’idée d’un socio-type bourré de clichés dont on rit d’autant plus facilement qu’on le sait forcé.
Un caractère est toujours soumis à un principe de réduction ; il n’est que la concentration serrée d’un principe d’identité, d’un tempérament à ciel ouvert. De ces caractères, qui ne sont rien d’autre que des personnages définis par quelques traits écrasants, chacun a intuitivement une connaissance sensible ; on pense les connaître, on les fantasme surtout. Ces caractères sont comme des « habitus » animés, c’est à dire « une subjectivité socialisée », selon les mots de Pierre Bourdieu.
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