Préface à la “Lettre à Ménécée” et aux “Sentences vaticanes”
« Selon Épicure, les hommes ne sont pas heureux, car ils ont peur. Il y a quatre sujets de crainte. L’homme a peur des dieux. Il a peur de la mort. Il a peur de ne pas avoir ce qu’il désire. Il a peur de souffrir. Il faut se guérir de la peur comme d’une maladie. Les sujets de crainte se dissipent devant la Vérité sur la nature des choses qu’apporte la philosophie. Le philosophe est un médecin qui dispose d’une panoplie de quatre remèdes (tetrapharmakos). Ces remèdes consistent en démonstrations. 1) Les dieux ne sont pas à craindre. Ce sont des réalités physiques. Vivant dans les vastes espaces entre les mondes, incorruptibles et bienheureux, ils se gardent d’altérer leur bonheur par le souci des affaires humaines. 2) La mort n’est pas à craindre, puisque lorsque la mort est là, nous ne sommes plus là pour en souffrir. Après la mort, l’âme, formée d’atomes, se désintègre et il n’y a plus ni vie ni sensibilité. 3) Quant à la peur de n’avoir pas ce que l’on désire, elle vient de ce que l’on ne sait pas désirer. On aura ce que l’on désire si l’on sait s’en tenir aux désirs naturels (physikai), qu’ils soient « nécessaires » (anankaiai) – comme le désir de la nourriture et du vêtement, le désir de la philosophie, le désir de l’amitié – ou non nécessaires – comme le désir des plaisirs de l’amour ou les désirs esthétiques (relatifs au plaisir que donne la beauté). 4) Enfin, quant à la peur de souffrir, il faut se raisonner en songeant que la douleur a sa limite. Intense, elle est brève ; durable, elle est faible. Et puis, il faut s’être fait une réserve de souvenirs heureux, que l’on puisse évoquer quand on souffre, pour combattre la douleur.
Le bonheur est un état de satisfaction durable et complet. Il ne se réduit donc pas au plaisir qui est toujours bref et partiel. Mais si chacun connaît des moments de plaisir, tous n’atteignent pas le bonheur. D’autant qu’être heureux…
L’historien Pierre Vesperini s’attelle à une relecture radicale de l’œuvre l’enseignement d’Épicure. Marcel Conche conteste cette thèse iconoclaste, en soulignant combien son système rationnel s’inscrit contre la religion. Pierre…
La théorie de Pierre Vesperini n’a pas séduit Marcel Conche, l’un des plus fins connaisseurs d’Épicure. Pour lui, si le philosophe atomiste fait preuve de piété, son système rationnel s’inscrit néanmoins contre la religion. Explications…
À 94 ans, Marcel Conche a toutes les apparences du sage, lui qui a consacré sa vie à la recherche de la vérité et à la lecture des Grecs anciens. Mais est-ce bien normal ?
Marcel Conche, à l’occasion de la parution de son Journal étrange (PUF, 2006), nous a reçus chez lui, dans l’Ain. Il revient sur ses origines paysannes, son athéisme, sa conception de la nature, de la morale et sa vision de la mort…
Le philosophe Marcel Conche s’est éteint à l’âge de 99 ans le dimanche 27 février dans sa maison de Treffort-Cuisiat (Ain). André Comte…
Analyse des termes du sujet « Faut-il » Synonymes : est-ce un devoir, une obligation, une contrainte, une nécessité ? « préférer » Synonymes : choisir (choix exclusif ou inclusif), privilégier, favoriser… « bonheur » Termes…
La “Lettre à Ménécée” et les “Maximes capitales” soulignent le lien puissant entre étude de la nature et doctrine du bonheur.