Pourquoi c’est toujours bien quand on joue à se cacher ?

Pierre Péju publié le 2 min

Ludovic, 6 ans

Tu as raison ! Quand j’étais petit, campé devant ma mère, je remontais mon pull-over par-dessus ma tête : « Où je suis ? » lui criais-je, comme si le fait de ne plus rien voir me rendait invisible. Ma mère faisait semblant d’être inquiète : « Où est-il passé ? Il a disparu ! » Bientôt, n’y tenant plus, je soulevais le pull-over, je montrais mon visage et criais à mon tour : « Ici ! » Ma mère feignait de s’enchanter de cette réapparition magique.

Si tu fais disparaître ton corps, tu découvres que quelque chose se passe ! Tu as l’agréable impression de « manquer » à quelqu’un, puisqu’on te cherche, qu’on t’appelle, qu’on passe du temps à explorer les coins et les recoins. Caché, tu deviens plus important que lorsque tu étais seulement présent, que personne ne prêtait attention à toi ou qu’on trouvait ta présence normale ou évidente. Au cours du jeu, les autres se comportent comme s’ils « tenaient » très fort à toi. « Être là », exister en compagnie des autres, t’apparaît à cette occasion comme un état provisoire (tu pouvais disparaître), comme un état contingent (tu pourrais ne pas exister) mais aussi comme un état nécessaire (si l’on ne te trouve plus, on se met à ta recherche !). C’est pourquoi « jouer à se cacher » inquiète et rassure à la fois. Le rire de celui qui trouve et le cri de celui qui est trouvé sont chargés de ces deux sentiments opposés. Il arrive aussi que tu bondisses hors de ta cachette. Comme personne ne t’a débusqué, c’est toi qui décides de faire cette réapparition. Tu reviens au monde, comme si tu étais le maître tout-puissant d’une sorte de nouvelle naissance.

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