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(cc) Unsplash / Nicole Harrington

En escale. Chroniques aéroportuaires – 5

Philosophie du portique, par Bruce Bégout

Bruce Bégout publié le 23 juillet 2019 5 min

Le philosophe Bruce Bégout a passé une semaine en immersion dans des aéroports internationaux, poursuivant son exploration des non-lieux du quotidien. De cette expérience, il a tiré un récit : “En escale”, une série de “chroniques aéroportuaires” à paraître le 12 septembre (Philosophie magazine éditeur). Nous vous offrons tout l’été une série d'extraits de ce livre.

Tout passage de seuil possède une valeur initiatique. Même dans un monde sans dieux, il exprime un changement dans la vie. Est sacré ce qui trace une ligne marquant un dedans et un dehors, mais est aussi sacré ce qui organise les règles d’entrée. Qu’ils soient donc matériels ou symboliques, les seuils séparent le profane et le sain. Ils instituent la religiosité dans l’espace, ouvrent le champ de l’interdit et de l’autorisé. Le portique de sécurité ne déroge pas à cette loi. Dans le monde post-11 Septembre, il s’est généralisé, a envahi l’espace des aéroports et a soumis les flux à son impérieuse autorité. Depuis les terminaux, il a même essaimé dans tous les lieux publics, y transposant sa gestion martiale de la sécurité : musées, tribunaux, grands magasins, etc. 

Pour beaucoup de voyageurs – qui n’ont rien à se reprocher – le passage des contrôles de sécurité constitue le point noir de leur séjour dans l’aéroport. Ils le redoutent. Certains s’y rendent aussitôt arrivés à l’aéroport comme à une épreuve pénible qu’il faut passer rapidement afin d’en être débarrassés, d’autres, au contraire, baguenaudent, tergiversent et reculent le moment où il faudra affronter la bête sans tête. Il y a tout d’abord les longues files d’attente, puis, soumis à la pression montante de la vitesse et de la fluidité, la nécessité de remplir toujours plus rapidement de ses effets personnels les bacs gris mis à disposition, d’ôter sa ceinture, ses bijoux, ses chaussures, tout ce qui peut faire sonner la sirène comminatoire ou allumer la lampe rouge, de se livrer en public au rituel humiliant du déshabillement, de prendre garde à n’avoir rien oublié sous peine de se faire rabrouer par l’agent rarement aimable et coopératif, et, enfin, vient le passage toujours un peu craint et solennel du portique qui peut biper, lorsqu’il ne s’agit pas d’une cellule électronique transparente où il faut placer ses pieds sur des marques jaunes et, comme l’indique le schéma qui vous fait face, lever les bras au-dessus de la tête dans une posture ridicule (que ne ferait-on pas pour avoir l’esprit tranquille pendant le vol !). Toute cette séquence, parfois répétée dans un état de mauvais rêve trois ou quatre fois lors d’un seul voyage, ressemble à une pantomime mal réalisée. La reproduction de gestes et de mouvements maladroits, le piètre spectacle de la gaucherie. On s’agite dans tous les sens, on fait tomber son portable, on égare sa carte d’embarquement, on ralentit tout le monde. On rejoue sans talent la scène des Temps modernes où Charlot devient la victime d’une chaîne folle de montage. Pour la plupart des gens, ces différentes opérations s’effectuent dans un climat tendu de suspicion et de malaise. Ils ne contestent pas bien entendu les mesures de sécurité et aspirent plus que tout à un voyage paisible, mais le moment où il faut se rendre au contrôle de sécurité est toujours perçu comme désagréable. Cet examen minutieux de soi, conduit par des yeux étrangers et des machines, dépersonnalise les individus et brise pour ainsi dire l’enchantement naïf du voyage. Le check-point est alors ressenti – à tort ou à raison – comme l’accomplissement même de la société de surveillance. Nous sommes loin de l’Aerotopia ! 

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