Orwell : de la guerre froide à l’esclavage
Extrait. La bombe atomique a rendu la guerre impossible : chaque État détenteur se sent invincible, mais exposé à l’autodestruction mutuelle. L’ordre nucléaire n’a cependant rien à voir avec la paix : c’est une « guerre froide » – Orwell fut le premier à utiliser l’expression – sans fin et sans issue. Une guerre larvée, qui paralyse toute révolte des peuples contre leurs dirigeants.
« On nous disait autrefois que l’avion avait “aboli les frontières” ; en fait, c’est seulement depuis que l’avion est devenu une arme véritable que les frontières sont devenues définitivement infranchissables. La radio était censée promouvoir la compréhension et la coopération internationales ; elle s’est avéré être un moyen d’isoler les nations. La bombe atomique peut achever le processus en privant les classes et les peuples exploités de toute possibilité de se révolter, en plaçant en même temps les possesseurs de la bombe sur un pied d’égalité militaire. Incapables de se conquérir les uns les autres, ils continueront probablement à gouverner le monde entre eux. Il est difficile de voir comment l’équilibre peut être bouleversé si ce n’est par des changements démographiques lents et imprévisibles.
Durant quarante ou cinquante ans, H. G. Wells et d’autres nous ont prévenus que l’homme risque de se détruire avec ses propres armes, laissant les fourmis ou d’autres espèces grégaires prendre le relais. […] Néanmoins, nous ne nous dirigeons peut-être pas vers un effondrement général, mais vers une époque aussi horriblement plus stable que les empires esclavagistes de l’Antiquité. [Cette idée] a été beaucoup discutée, mais peu de gens ont encore considéré ses implications idéologiques – c’est-à-dire le type de vision du monde, le type de croyances, et la structure sociale qui prévaudraient dans un État qui serait à la fois invincible et en état permanent de “guerre froide” avec ses voisins. […] Il est probable que la bombe mette un terme aux guerres à grande échelle, mais au prix du prolongement indéfini d’une “paix qui n’est pas la paix”. »
George Orwell, « You and the Atom Bomb » (1945), in Tribune [notre traduction].
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