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Série : les étudiants face à la pandémie

Nina Bonnefoy, 32 ans, en M2 de philosophie : “Refaire les jours comme s’ils étaient qu’un”

Nina Bonnefoy publié le 12 février 2021 3 min

Isolement, ennui, manque d’accompagnement, détresse psychologique, difficultés économiques… Les étudiants ont été frappés de plein fouet par la crise sanitaire. Nous avons décidé de leur donner la parole pour faire entendre leurs souffrances, mais aussi leurs espérances et leurs conseils philosophiques pour affronter la pandémie.

Aujourd’hui, Nina Bonnefoy, 32 ans, en master 2 de philosophie à l’université Paul-Valéry de Montpellier, qui a repris des études pour changer de vie. Elle s’est orientée vers « la philosophie, primordiale », résume-t-elle laconiquement. Dans un texte personnel et émouvant aux allures de poème en prose, qu’elle nous a fait parvenir, elle partage son expérience de la pandémie. Et conclut sur une note d’espoir, en dépit des difficultés qui s’accumulent : « Il reste l’amour, c’est le seul sens véritable. »

Le témoignage de Nina Bonnefoy

Planète zinzin allô allô ici zinzination zinzinatoire. Il n’y a plus de repères temporels, d’espace, que des intérieurs en éclatements perpétuels. Tout est abstraction, dehors, le monde, les autres. Coupée de la vie qui va, des êtres vivants autres que moi, je vois bien le ciel, depuis la fenêtre, un peu dehors, mais tout semble piste. Piste pour aller aux toilettes, piste pour s’y retrouver dans la journée, pour s’y retrouver dans les journées, pour aller faire les courses, balader le chien, voir Maman, même si pas le droit. Après tout, c’est quoi un droit… Droit droit droit devant, œillères, charnières, même l’air qui sort de mes poumons et qui suit un chemin froid vers le nulle part de chez moi comme une bulle d’air au milieu de rien. Boulot, boulot, dodo, surtout dodo. Ne plus arriver à réfléchir, c’est... trop. Dada. 

Double cursus, travail, soucis de santé : démerde-toi. Un peu d’aide ici, un peu là : heureusement ! Faudrait que tout soit monétisé, que je commence à entendre un peu partout. Hé, ho, moi je fais pas dans l’économie, sauf de la méchanceté. Voir les instincts de survie, mal redirigé, se fabriquer sur les visages pâles. Déformés de certitudes et de préjugés, d’opinions sur tout sans solution à rien. Ça bafouille, c’est le nouveau siècle qui pousse à l’entrée. Premier cri ? pas encore. Mais qu’est-ce qui là se profile... que fera-t-on de tout cela ? Répondre ici, là à une étude, la solitude, la moche, pas celle qui fait grandir de créativité. Non, celle qui rend minuscule, tout petit petit, aveugle, sourd, sans bras, sans jambes, privé d’autre connaissance qu’un voile noir et des informations bizarres des sens.

Que reste-il ? L’amour. Oui, il reste l’amour, c’est le seul sens véritable. Pourquoi je me lève alors que tout me dépasse, que je ne vois plus mes amis, ma famille, mes profs, la ville qui danse. J’aime pas la ville, mais quand même… Au début, ça allait, premier confinement, je maîtrise les temps de crise, c’est même toute ma vie, être machine de guerre, sur tous les fronts possibles, puis, petit à petit… perdre le fil. Il reste l’amour, tant pis les études, tant pis le diplôme, tant pis les projets, n’avoir que des gestes d’amour. Au supermarché, dans les ruelles dorées ou assombries, au téléphone, sur les réseaux. Partout. Si ce n’est pas l’amour qui s’en dégage alors nous aurons vécu tout cela pour rien. Chanter à la fenêtre, rire avec les animaux, sourire des yeux, soulever son masque en changeant de trottoir pour offrir un visage gai à l’inconnu. Refaire les jours comme s’ils étaient qu’un, bousculer tout le quotidien pour des repères humains. Voilà, pas crever sous le poids de la perte, non. Se souvenir d’un temps déjà parti qui était pas si bien que ça, ne pas refaire les erreurs du passé. Que l’histoire se rapproche un peu de la vie. Oui... ah ! respirer ! La Vie !

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