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Dossier / “Et si on apprenait autrement ?”

Lire et écrire sur écran, ça change quoi ?

Martin Legros publié le 17 août 2023 11 min

Désormais, c’est de plus en plus sur smartphones, ordinateurs et tablettes que nous faisons l’expérience de la lecture et de l’écriture. Révolution en profondeur ou « fabrique du crétin digital » ? Pour le savoir, nous avons interrogé des spécialistes des neurosciences et une « bibliothérapeute ».

 

C’est un constat que l’on peut dorénavant tous faire, sur soi et autour de soi. Dans le train, à la terrasse d’un café, dans la salle d’attente du médecin… ou au pied du lit de la chambre des adultes et des adolescents, les livres et tous les « supports papiers » – journaux, magazines, bandes dessinées – se font de plus en plus rares. En lieu et place : téléphones, ordinateurs portables, tablettes… Bref, les écrans. Comme le souligne Michel Desmurget dans son essai à paraître, Faites-les lire ! Pour en finir avec le crétin digital (Seuil), « le livre a perdu la bataille des loisirs. Écrasé par la toute-puissance des écrans récréatifs, il se meurt dans le cul-de-sac des choix périphériques ». Et l’auteur de faire état de l’effondrement de la pratique de la lecture, chez les jeunes en particulier. En France comme aux États-Unis, les élèves du primaire et du lycée ne lisent plus que trente minutes par jour. Si l’on met à part le groupe des lecteurs assidus (28 %), cette durée tombe à dix minutes. Avec une chute à l’entrée au collège : quand 44 % des 8-12 ans s’adonnent chaque jour à la lecture, ils ne sont plus que 30 % chez les 13-17 ans. 7 adolescents sur 10 ne lisent donc presque plus rien. Et c’est le cas dans toutes les classes sociales et dans tous les pays, sauf en Chine. Cette tendance, on ne peut s’empêcher de la rapporter à la fréquentation des écrans : chaque jour, les 8-12 ans sont deux fois plus nombreux à être en présence d’un écran (84 %). Au total, sur une année, un adolescent de 13 ans consacre cent douze jours aux écrans contre sept jours à la lecture… 

Ce qui fait dire à Desmurget que les écrans récréatifs sont « un ennemi féroce et ancestral de la lecture ». De la lecture… ou du livre ? Car, en admettant que le « support papier » ait cédé la place à l’écran, cela signifie-t-il que la lecture elle-même est en voie de disparition ? Après tout, nombre d’entre nous n’utilisent-ils pas leur ordinateur et leur téléphone pour… lire. Dans les transports, on est de plus en plus souvent penché sur son écran mais souvent on lit. Cette lecture-là doit-elle être déclassée sous prétexte qu’elle ne passe plus par le livre imprimé, seul jugé digne d’assurer le miracle de la « communication au sein de la solitude » selon la formule de Proust ? Certes, plus les jeunes passent de temps sur des vidéos TikTok ou Instagram, moins ils lisent, y compris sur leurs écrans. Mais ne faut-il pas s’interroger un peu plus finement sur la place – persistante, contaminée, transformée ? – de la lecture à l’heure de la révolution digitale ? À quoi tient la différence d’immersion et d’attention que permet la lecture sur papier ? Enfin, ne faut-il pas envisager que le déclin de l’écriture manuscrite modifie en retour notre rapport à la lecture ? 

 

À l’intérieur du « cerveau-lecteur »

Maryanne Wolf est spécialiste en neurosciences de la lecture. Professeure à l’université de Californie à Los Angeles où elle dirige un centre spécialisé dans la dyslexie, elle est l’autrice de Proust et le Calamar (2007, trad. fr. Abeille et Castor) et, tout juste paru en France, de Lecteur, reste avec nous ! (2019 ; trad. fr. Rosie & Wolfe) où elle met en lumière le rôle de ce qu’elle appelle la lecture profonde pour le développement de l’empathie, de l’analyse critique ou de la réflexion personnelle (voir Philosophie magazine n° 62). Aujourd’hui, elle nous fait part d’une inquiétude renforcée. « Avec les habitudes que produit la nouvelle culture digitale, nous sommes en train de modifier la qualité de notre attention, chez les jeunes en particulier, qui changent en moyenne vingt-sept fois par heure d’objet d’attention. Leur pratique de la lecture tend à s’appauvrir. Quand on connaît son importance dans le développement de l’empathie et de l’analyse critique, on a des raisons de s’inquiéter pour le développement intellectuel des démocraties contemporaines. Le “cerveau-lecteur”, qui est l’une des plus grandes acquisitions culturelles d’Homo sapiens, est menacé. » Une découverte des neurosciences est à l’origine de cette inquiétude : il n’y a pas d’infrastructure cérébrale spécifique dédiée à la lecture, comme il y en a pour la vision ou le langage. Ce qui revient à dire que le cerveau humain n’était pas préparé à la lecture. « Lire n’est ni naturel ni inné. C’est une invention culturelle qui n’a pas plus de cinq mille ans et qui perdure grâce à l’éducation. » Rien n’empêche donc d’envisager que, sous l’effet d’un nouvel environnement culturel, cette acquisition puisse se perdre.

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