Anniversaire

L’héritage pop

Mériam Korichi publié le 2 min

Le 22 février 1987, Andy Warhol mourait dans un hôpital new-yorkais. The Village Voice, l’hebdo branché de Manhattan, détournait une célèbre couverture du magazine Time à propos de théologiens radicaux prêchant la mort de Dieu : « Is God dead ? » Ultime hommage au « prince du pop art » il y a vingt ans. Si le pop art appartient aujourd’hui à l’histoire de l’art, le pop n’a rien perdu de sa vitalité.

C’est en 1947, dans un collage de l’artiste italo-écossais Eduardo Paolozzi, I Was a Rich Man’s Plaything, que l’onomatopée surgit dans le monde de l’art. Reprenant les symboles de la culture de masse américaine, Paolozzi met en scène une pin-up, revolver pointé sur sa tête et le « Pop ! » dans une bulle de dessin animé. Joli bulletin de naissance d’une nouvelle époque qui est convaincue d’une rupture irréversible avec le passé. This is Tomorrow est le nom de l’exposition de 1956 qui inaugure officiellement le pop art. Richard Hamilton y expose un collage : Just What is it that Makes Today’s Homes so Different, so Appealing ? et propose une définition. Le pop est « populaire / éphémère / jetable / bon marché / produit en série / jeune / spirituel / sexy / malin / glamour / une bonne affaire ». Les artistes américains, eux, semblent réfractaires à cette désignation. Ils auraient préféré le nom de « nouveaux réalistes » (dans la lignée du Caravage, de Courbet), car se dire pop, c’était admettre une compromission avec le monde du commerce et des images vulgaires. Warhol n’est pas de cet avis : « Le pop, c’est aimer les choses. » Celles qui renvoient à la technologie, au mode de vie urbain, aux médias et à la consommation de masse. Aujourd’hui, le goût pop pour les images de la société de consommation ne s’est pas démenti. À tel point que la « pop philosophie » imaginée en son temps par Gilles Deleuze, témoigne à sa manière de cette influence dans la recherche philosophique. Loin de refuser l’époque, elle s’y immerge en profondeur dans le but de construire des outils, des concepts « appliqués ». Cette démarche dont se revendiquent le Slovène Slavoj Zizek ou, en France, Mehdi Belhaj Kacem a, elle aussi, ses contrefaçons. On découvrira ainsi, perles parmi d’autres du catalogue de l’éditeur américain Open Court, une courte étude intitulée « Paris Hilton and Philosophy : Existentialism, that’s hot ! » 

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