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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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Illustration : © Séverine Scaglia pour PM

Vos questions

“L’espoir fait-il vraiment vivre ?”

publié le 18 août 2020 3 min

Charles Pépin vous répond.

Question d’Andrea Nigon

L’espoir en un avenir meilleur aide à supporter un présent difficile. Comme l’a montré Jean-Paul Sartre, la conscience humaine se projette naturellement vers demain : être, c’est être un « projet », sans cesse jeté au-devant de soi. Espérer revenant à se projeter vers un avenir plus souriant que le présent, on pourrait craindre que la fin d’une telle projection empêche de vivre. Pourtant, ne plus espérer peut aussi signifier que nous pouvons consentir à notre présent, même imparfait, que nous sommes capables de ce « grand oui à la vie » dont parle Nietzsche. Dire oui à la vie, c’est dire oui au bon comme au mauvais, au bien comme au mal, à nos réussites comme à nos fiascos : c’est dire oui au présent, et c’est peut-être cela, « vraiment vivre ». Une telle puissance affirmative exclut alors l’espoir, puisque nos forces doivent être tournées vers cette approbation de l’ici et du maintenant, non détournées de ce noble but et dirigées vers l’avenir. Nombre d’individus ayant vécu des situations extrêmes – comme de très longues peines de prison – ont raconté combien ils avaient eu besoin, pour tenir, d’exclure toute référence à l’avenir, d’apprendre à se recentrer sur le présent. Une pareille absence d’espoir est d’ailleurs, selon Clément Rosset, l’une des conditions de la joie authentique. Dans La Force majeure (1983), le philosophe montre qu’une telle joie est paradoxale : elle jaillit au cœur même de la conscience de tout ce qui l’entrave. En nietzschéen, Rosset voit dans l’espoir le refuge des faibles, la consolation dangereuse, et au fond inefficace, de ceux qui ne savent pas « vraiment vivre », aimer la vie comme elle est et non comme elle devrait être. La joie de vivre est donc, d’après lui, « sans espoir » : « désespérée » au sens propre, mais sans rien de négatif. Finalement, lorsque nous traversons un moment difficile, nous avons deux ressources : une d’espoir, de projection dans l’avenir, salutaire quand la souffrance est trop grande, et une de joie, pas toujours disponible mais capable de rendre provisoirement l’espoir inutile. La joie est une émotion passagère, imprévisible. Quant à l’espoir, s’il dure un peu plus longtemps, il est également assez capricieux. Ne nous privons donc ni de la première ni du second. Sachons les accueillir lorsqu’ils se présentent. Se sentir capable de dire oui à son sort, même lorsqu’il est pénible, n’empêche pas, l’instant d’après, lorsque notre force vient à manquer, d’espérer une vie meilleure et de trouver dans cet espoir de quoi se réchauffer l’âme et le cœur.

 

“Le libre arbitre est-il nécessaire à la morale ?”

Question de Romain Saudrais

A priori, oui : faire le bien, ce n’est pas le faire par hasard mais vouloir le faire. C’est avoir décidé librement de faire le bien. La moralité exige une intention consciente. Faire le bien sans le faire exprès, ou en étant conditionné à le faire, c’est agir conformément à la morale, mais pas par pure moralité. Si, donc, je n’ai aucun libre arbitre, si je suis conditionné ou déterminé à faire le bien, alors je ne suis pas vraiment un être moral. Je me comporte peut-être bien dans les faits, mais la vraie moralité exige davantage que cela. Comme votre question le laisse entendre, la moralité repose donc sur la liberté. Du moins si l’on fonde, avec Kant, la morale en raison. Mais on peut aussi, avec Rousseau, la fonder dans le cœur, dans le sentiment. Agir moralement reviendrait alors à retrouver le cœur enfoui de cette bonne première nature. Dans ce cas, on pourrait penser une morale sans libre arbitre : une morale plus naturelle que rationnelle.

 

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Kant et la raison
Pourquoi continuons-nous à nous prendre la tête sur des concepts abstraits, invérifiables, comme Dieu ou la liberté humaine ? C'est à cause de la manière dont est construite notre raison ! La réponse avec le plus brûlant des philosophes allemands : Emmanuel Kant.
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