Europe/Altérité

Les Roms, une figure postmoderne

Michel Eltchaninoff publié le 3 min

Ces populations incarnent une nouvelle figure de l’Autre. Disséminés, nomades, insaisissables, ils correspondent trait pour trait, pour leur malheur, à la pensée de Gilles Deleuze. Décryptage.

La question rom resurgit à quelques mois des élections municipales et européennes. Manuel Valls, le 24 septembre dernier, a évoqué les « modes de vie extrêmement différents des nôtres » des quelque 20 000 membres de cette communauté installés en France dans des conditions souvent déplorables. Il suggère par là que cette « différence » est essentielle et non accidentelle : on ne peut les intégrer. En conséquence logique, « les Roms ont vocation à revenir en Bulgarie ou en Roumanie ». Les Roms s’ajoutent à deux figures traditionnelles de l’Autre. La première d’entre elles est celle de l’ennemi civilisationnel, de l’élément extérieur et agressif. Ce rôle est depuis des siècles tenu par l’Islam, imaginé comme une armée conquérante, aux valeurs opposées des nôtres. Second archétype de l’altérité : l’ennemi de l’intérieur, le traître qui fait mine de nous ressembler pour mieux nous dominer. Depuis l’émancipation et l’assimilation des Juifs, c’est ainsi que les antisémites se sont plu à les présenter. On connaît l’effet de ces fantasmes : discriminations, expulsions, violences, assassinats collectifs.

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