"Les Mots et les Choses" : l’homme en péril à la fin du grand récit
Paru en pleine vogue structuraliste, Les Mots et les Choses rencontre un vaste écho et soulève d’intenses débats. Dans cette fresque parcourant les siècles, Foucault propose une archéologie du savoir qui renouvelle l’histoire des sciences. Provocateur, il prédit enfin la mort de l’homme comme objet privilégié de la connaissance.
Un improbable best-seller
« Foucault comme des petits pains », titre Le Nouvel Observateur à l’été 1966. Livre pourtant épais et aride, Les Mots et les Choses rencontre un vif succès public ; on le feuillette à la plage, à la terrasse des cafés… Même s’il ne s’affilie pas strictement au mouvement, Foucault est érigé en figure de proue du structuralisme en plein essor. Rançon de la gloire, les polémiques éclatent : existentialistes et marxistes s’allient pour dénoncer un brûlot antihumaniste.
L’archéologue du savoir
Les Mots et les Choses est un livre d’histoire des sciences – pas comme les autres. Son auteur revendique une approche particulière : « l’archéologie », soit une « étude qui s’efforce de retrouver à partir de quoi connaissances et théories ont été possibles » – ce qui est à leur principe (archè en grec). Il y a un « socle », une matrice commune aux différents savoirs d’une époque : c’est « l’épistémè »1, qui ordonne secrètement les discours. Affirmation provocante : la connaissance ne doit plus être rapportée aux découvertes grandioses des chercheurs ; elle est conditionnée par les règles et les contraintes de l’épistémè – l’archéologue déterre un « inconscient » du savoir, une « pensée anonyme » qui le constitue.
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