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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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© Beel-Coor/Unsplash

La grande question

Les jeunes paieront pour les “boomers”… ou pas

Martin Legros publié le 14 septembre 2020 3 min

C’est une inquiétude qui est en train d’émerger : le surplus de dette publique contractée par les États pour faire face à la crise du Covid ne revient-il pas à transférer aux jeunes générations le poids économique de la santé des plus vieux ? Sans doute, mais si les aînés s’endettent sans scrupule sur le dos des plus jeunes, c’est peut-être qu’ils ont l’intuition que ceux-ci ne rembourseront pas. Une intuition qui recoupe les hypothèses de la nouvelle théorie monétaire en vue – la Modern Monetary Theory – selon laquelle on peut laisser filer les déficits, sans risque de faillite. On est allé y voir de plus près. 

 

  • Les jeunes sacrifiés ? Dans une tribune publiée récemment dans Le Monde, Emmanuel Blézès, Yama Darriet et Charles Mazé, consultants diplômés de HEC, affirment ainsi : « Les jeunes ont renoncé à leurs libertés, hier, et paient aujourd’hui en entrant sur un marché du travail dégradé et paieront pour eux demain encore en remboursant la dette et en finançant leurs retraites. » Et les auteurs d’en appeler à une réflexion sur cette « injustice générationnelle » doublée d’ingratitude morale vis-à-vis des jeunes « accusés d’être irresponsables et de sacrifier les plus âgés sur l’autel de leur désir de jouissance », alors qu’ils sont en réalité les vrais « sacrifiés » par cette crise. 
  • Pas si sûr. Il y a une réplique à cette accusation. Si la politique de la dette adoptée massivement par les États ne fait quasiment pas débat et si les aînés ont si peu de scrupules à charger les jeunes générations d’un tel fardeau, c’est peut-être qu’ayant eux-mêmes grandi dans un monde où les dettes publiques ne cessent de croître mais ne sont jamais remboursées, les baby boomers ont l’intuition que leurs enfants, pas plus qu’eux-mêmes, ne seront contraints de payer.
  • Une intuition que vient étayer une nouvelle théorie monétaire, la MMT (Modern Monetary Theory), défendue notamment par l’économiste Stephanie Kelton, auteur de The Deficit Myth (« Le Mythe du déficit », non traduit, Public Affairs Books, 2020). L’idée : la dette étant un outil politique qui découle du monopole de la création de devises, lui-même lié au monopole de la force, l’État, à la différence des ménages ou des entreprises, peut laisser filer les déficits sans risque de défaut. D’après Kelton, « Les faucons de la dette essaient de nous convaincre qu’il faut rembourser à un moment donné et que la facture nous incombera à tous. » Mais l’État n’est pas un ménage ou une entreprise, il émet la monnaie. « Si vous aviez la seule autorité légale pour émettre le dollar américain – et que cela ne peut venir que de vous –, vous inquiéteriez-vous d’en manquer ? »
  • Est-ce à dire qu’il n’y a pas de limites ? Non, répond Kelton, « mais la limite n'est pas un niveau numérique prédéterminé ou un pourcentage du budget. Il n'y a pas de contrainte financière stricte. Un gouvernement émetteur de devises peut se permettre d'acheter tout ce qui est évalué et disponible à la vente dans sa propre devise. » Et de préciser tout de même que la vraie limite est l'inflation. À l’heure où elle est nulle et où les États empruntent à taux zéro, cette perspective, longtemps taxée par ses adversaires, d’« économie vaudoue », ne semble plus si farfelue… À condition, cependant, que l’endettement ne serve pas à créer de nouvelles bulles – immobilières et financières – mais profite bien à l’intérêt général. Comme le dit Kelton, qui défend un droit à l’emploi pour tous les travailleurs financé par l’État, « La limite, c’est l’impact de la dépense, pas la dépense elle-même. » Bref : au lieu de se demander si et quand on devra pouvoir rembourser nos dettes, il faudrait plutôt se demander comment on pourrait mieux allouer la dette.

 

Pour aller plus loin, Philosophie magazine vous propose d’aller jeter un œil sur ce passionnant entretien avec Stephanie Kelton publié dans la revue en ligne Dissent. Où l’auteur du Mythe du déficit revient sur son itinéraire et sa contribution au courant de la Théorie monétaire moderne, qui considère que la dette publique n’est pas un obstacle au progrès.

Briser les mythes monétaires avec Stephanie Kelton
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