Les femmes sont-elles condamnées à être discrètes ?
Selon le rapport annuel sur le sexisme en France publié récemment par le Haut Conseil à l’égalité entre les hommes et les femmes, encore 60% des femmes pensent que pour correspondre à ce qu’on attend d’elles dans la société, il faut qu’elles soient discrètes. Mais pourquoi devraient-elles l’être ? L’avis (sans réserve) des philosophes.
On ne la remarque pas. Normal, la personne discrète ne fait presque pas de bruit, elle s’efface devant les autres. Plus complexe que la retenue ou que la réserve, la discrétion est aux commandes du perceptible et de l’invisible, elle consacre une présence paradoxale, qui suppose la possibilité de s’absenter de soi. Elle constitue même historiquement un stéréotype de genre qui caricaturerait le sexe féminin… Pourquoi ?
La séduction de la discrétion
Les femmes sont symboliquement vouées à la discrétion. C’est ce que constate Pierre Bourdieu en 1998, dans son ouvrage La Domination masculine. Pour le sociologue, la discrétion féminine est le fruit d’une « domination masculine » donc, socialement construite et entretenue : « La domination masculine, qui constitue les femmes en objets symboliques […] a pour effet de les placer dans un état permanent d’insécurité corporelle ou, mieux, de dépendance symbolique : elles existent […] en tant qu’objets accueillants, attrayants, disponibles. On attend d’elles qu’elles soient “féminines”, c’est-à-dire souriantes, sympathiques, attentionnées, soumises, discrètes, retenues, voire effacées », écrit-il. L’être féminin est un objet dont l’identité est définie par et pour le regard de l’autre. Ce faisant, les femmes doivent sans cesse se comporter en anticipant l’évaluation du prix que « leur apparence corporelle, leur manière de tenir leur corps et de le présenter, pourra recevoir ».
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