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Séminaire de Patrick Hochart et Pierre Pachet à l’EHEES / capture d’écran d'un enregistrement de MIHALACHI

Nécrologie

L’écrivain et essayiste Pierre Pachet est mort

publié le 21 juin 2016 3 min
L’écrivain, essayiste, universitaire et penseur antitotalitaire, Pierre Pachet est mort ce mardi 21 juin 2016.

Écrivain et essayiste enseignant à l’Université, né en 1937 de parents juifs d’origine russe, Pierre Pachet est mort. Membre du comité de rédaction de La Quinzaine littéraire, il a signé des essais consacrés à la littérature, une traduction de La République de Platon, mais aussi des ouvrages autobiographiques dont Devant ma mère, paru chez Gallimard en 2007 et Sans amour (Denoël 2011) dans lequel il brosse le parcours sentimental de six femmes qu’il a connues, scrutant derrière le « renoncement à la chair » une troublante quête de sérénité.


 

Qu’il analyse un album de Tintin à la lumière de l’écrivain et journaliste italien d’origine allemande, Curzio Malaparte, comme dans l’un de nos hors-série, qu’il cherche le lien entre fascisme et nihilisme chez Emil Cioran ou qu'il écrive la chronique d’un livre d’Emmanuel Carrère – Le Royaume –, Pierre Pachet reconnaît volontiers se mêler de tout, faisant de la « curiosité une vertu énigmatique ». Lauréat du prix Roger-Caillois récompensant un auteur francophone en 2011, il participe la même année à un volume consacré à Simone Weil (Éd. Rue d’Ulm, 2011). Dans un dossier que nous consacrions à la philosophe, Pierre Pachet s’interrogeait après Simone Weil sur cette question centrale qui traverse L’Enracinement, écrit en 1943 : comment reconstituer ce qui a été rompu ? « Pour Simone Weil, poursuivait-il, le monde est porteur d’une révélation, enseignée par le christianisme, mais également par la pensée des Grecs (Platon et les stoïciens) et par les sagesses d’Extrême-Orient : à savoir qu’il est soumis à un ordre. Cela, nous ne le comprenons plus. La science moderne en est, selon elle, grandement responsable : alors que les Grecs cherchaient à connaître le cosmos en s’ancrant délibérément dans le monde sensible, la science moderne – celle de la physique quantique par exemple – développe à son propos un langage formel, abstrait, incompréhensible. Un vide se crée, qui permet la représentation d’un monde gouverné uniquement par l’arbitraire et la domination humaine, ce que Simone Weil nomme la “force” – une représentation portée à sa plus haute puissance par l’hitlérisme. Mais voilà, écrit-elle, “la force n’est pas souveraine ici-bas”. Contre elle, il faut ressaisir que l’univers est réglé, qu’il est un filet de déterminations et de limites (ceci n’est pas cela). Qu’il obéit à une sagesse éternelle, à Dieu ou, en termes platoniciens, à l’Idée du Bien. »


 

À l’effort fourni contre « la représentation d’un monde gouverné uniquement par l’arbitraire et la domination humaine », Pierre Pachet a consacré son œuvre, en intellectuel antitotalitaire. Ami de René Girard, disparu lui aussi l’an passé, il partage avec l’auteur de la Violence et le Sacré la conscience « très fraternelle, de ce qu’il y a de dangereux dans la foule indifférenciée, dans la masse qui peut de façon imprévisible, sous l’emprise d’une parole, d’un accident, d’un sang versé, virer à une populace sanguinaire qui ne veut plus se contrôler. Girard est très sensible au caractère infime de ce qui déclenche le choix de la victime. C’est de mon point de vue un des grands acquis de son anthropologie. » Et d’ajouter dans un entretien accordé à l’occasion d’un hors-série consacré à René Girard : « Je le lis comme un penseur qui a touché à un phénomène plus circonscrit historiquement, mais non moins passionnant : le surgissement au XIXe siècle d’une nouvelle inquiétude, celle de l’indifférenciation. Un nouvel individu surgit au XIXe siècle, incertain de sa place. Cet individu a la passion proprement démocratique de devenir quelqu’un, mais il poursuit cette quête à l’ombre de la menace de l’indifférencié. Girard nous aide à penser cette situation où nous vivons dans la crainte permanente de tomber dans l’indifférencié. »

Il poursuit sa réflexion sur la place de l’individu dans le groupe dans Aux Aguets. Essais sur la conscience et l’histoire (Maurice Nadeau, 2002). Rassemblant des textes composés durant vingt ans, ce recueil mêle l’intime à l’historique et au collectif visant, selon Pierre Pachet, « à éclairer, et d'abord pour moi-même, la relation entre la conception d'une conscience inquiète et certaines situations historiques dont le souvenir ou la pensée ne me laissent pas en repos ». Il reprend cette ambition dans L’Âme bridée (Le Bruit du temps, 2014), où, s’inspirant de la pensée de Claude Lefort, il identifie lors d’un voyage en Chine la puissance totalitaire d’un « parti communiste sans communisme », qui enserre chaque vie individuelle, de la naissance à la mort. Que devient l’âme dès lors ? s’interroge l’auteur. Une âme « bridée » par l’interdit de penser, mais qui demeure capable d’ébranler la domination totalitaire. Sur cette résistance, Pierre Pachet avait fondé tous les espoirs. 

 

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