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©Victorine de Oliveira

Léa Seydoux et les situationnistes

Victorine de Oliveira publié le 08 février 2023 3 min

Comment ça, vous ne l'avez pas vue ? Pourtant, hier, Victorine de Oliveira a bel et bien aperçu à de nombreuses reprises l'actrice française dans le cortège contre la réforme des retraites. Ou du moins son effigie publicitaire que des manifestants ont pris un malin plaisir à détourner. Une façon de se réapproprier l’espace public qui aurait réjoui Guy Debord.


« Léa Seydoux en a pris pour son grade hier dans les rues de Paris. L’actrice, qui prête son visage à une campagne publicitaire pour Louis Vuitton, s’est vue régulièrement recouvrir de slogans politiques, d’autocollants colorés, voire carrément remplacée par des affiches sauvages. Le travail a été plutôt proprement fait, d’ailleurs.

Tout le long du parcours des manifestations contre le projet de loi de réforme des retraites qui se sont déroulées hier et le 31 janvier dernier, les panneaux d’affichage JC Decaux ont été investis par des mains créatives. Exit les publicités habituelles aux sourires figés et aux poses sensuelles, place au papier kraft brut, à la peinture appliquée à la va-vite et à l’insolence… le tout soigneusement glissé sous verre, sans aucune casse.

“Travailler ? Comme si j’avais que ça à faire !” peut-on lire. Ou encore un simple : “Bof”, équivalent moins soutenu du “Peut mieux faire” que nombre de profs ayant défilé hier ont dû déjà écrire en marge des copies. Ces affiches investissent les arrêts de bus ou les panneaux placés en hauteur. Il faut alors lever les yeux du cortège, se détacher un instant de la régularité de la marche pour noter l’irrégularité, justement. Ces interventions anonymes (étudiants en art ? employés de la régie publicitaire de la RATP ? ou de la mairie ?) rompent la monotonie d’un espace urbain extrêmement balisé, où le regard n’est sollicité qu’en vue de s’informer ou de consommer. Nombre de manifestants s’y arrêtent, prennent les affiches en photo, conseillent même d’aller voir un peu plus haut sur le boulevard – “Il y en a une autre très drôle, sur la gueule du travail”, pointe-t-on du doigt. La rue prend des allures de galerie d’art, on y défile et on y déambule, la linéarité de la manifestation étant court-circuitée par ses slogans mêmes.

“La production capitaliste a unifié l’espace […]. Cette unification est en même temps un processus extensif et intensif de banalisation. L’accumulation des marchandises produites en série pour l’espace abstrait du marché […] devait aussi dissoudre l’autonomie et la qualité des lieux”, note Guy Debord dans son essai La Société du spectacle (1967). Le philosophe, figure de l’Internationale situationniste, souligne à quel point les logiques marchandes imprègnent jusqu’à l’aménagement des villes. Nous pensions flâner, nous sommes en réalité capturés par le regard d’une actrice célèbre sous lequel scintille un sac de luxe que 99 % d’entre nous n’auront jamais les moyens de nous offrir – regard et sac reproduits par ailleurs en centaines d’exemplaires. Cette mainmise de “la nécessité capitaliste” sur l’urbanisme, Debord la qualifie de “glaciation visible de la vie”.

Comment amorcer le dégel ? En se réappropriant l’espace. Le temps de la manifestation autorise un certain bazar, c’est le moment ou jamais. D’autant plus que les forces de l’ordre se montrent plutôt discrètes ces dernières semaines, le changement à la tête de la préfecture de police depuis juillet se faisant nettement sentir dans le dispositif de maintien de l’ordre. “Grève recombustible”, prévenait mardi dernier l’une de ces affiches sauvages. De quoi effectivement rendre un peu de carburant à la vie, au sortir de l’hiver. »

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