Aller au contenu principal
Menu du compte de l'utilisateur
    S’abonner Boutique Newsletters Se connecter
Navigation principale
  • Le fil
  • Archives
  • En kiosque
  • Dossiers
  • Philosophes
  • Lexique
  • Citations
  • EXPRESSO
  • Agenda
  • Masterclass
  • Bac philo
 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
rechercher
Rechercher

Le rappeur belge d'origine congolaise William Kalubi, plus connu sous son nom d'artiste Damso, sur la scène du festival des Vieilles Charrue, à Carhaix-Plouguer le 21 juillet 2018. © Fred Tanneau/AFP

L’inconnue célèbre

Le rappeur Damso inspiré par l’afroféministe bell hooks ?

Octave Larmagnac-Matheron publié le 05 octobre 2020 4 min

« Je ne suis pas en adéquation avec ça. Et le problème, c’est que ça entache aussi la musique. » C’est ainsi que le rappeur belge Damso, dont le dernier album, QALF, a été le plus écouté au monde sur Spotify le jour de sa sortie, le 18 septembre dernier, a réagi aux différentes affaires d’agressions sexuelles qui minent le milieu du rap depuis la rentrée. En ligne de mire, notamment : Roméo Elvis. Le prochain album de ce dernier, repoussé sine die, devait en effet contenir une collaboration avec Damso, qui ne verra finalement jamais le jour. Une décision sans ambiguïté qui tranche sur les accusations régulières de sexisme et de misogynie à l’encontre du rappeur (« Salope, ferme ta gueule, pour le prix d’un j’te mets deux doigts »[Pinocchio], « Dévergondée, la tepu est mal vêtue / J’la baiserai direct sans mettre de doigt » [QuedelaVie], pour ne citer que deux exemples). En 2018, les polémiques à répétition avaient d’ailleurs poussé l’Union belge de football à renoncer à ce que Damso chante l’hymne dédié à l'équipe nationale lors de la Coupe du monde organisée en Russie. « On ne m’a jamais demandé ce que je pense de la femme. […] Quand je parle de femmes, ce sont mes histoires personnelles, jamais je ne fais de généralités », se défendait-il alors. Et de préciser qu’il comptait se mettre à la lecture de « dix bouquins écrits par des femmes, sur le féminisme en général » – Despentes, Beauvoir, etc. 

Deux ans plus tard, cette plongée dans le féminisme se ressent dans le discours de l’auteur de l’album Ipséité (2017) : « Une femme qui se sent respectée, c’est un monde qui se respecte. Là, petit à petit, j’ai vu de la division, avec, d’un côté, les hommes et certaines femmes qui prennent les féministes pour des hystériques, et, de l’autre, des femmes et certains hommes qui prennent les autres pour des bourreaux. Il faut créer un respect mutuel, faire en sorte que personne ne se sente insulté. C’est un problème éducatif, c’est ce que j’ai trouvé dans certains livres, ceux de bell hooks notamment. » Une référence d’autant plus étonnante que, si elle est une figure incontournable de l’afroféminisme aux États-Unis, bell hooks reste relativement peu connue du grand public dans l’Hexagone.

 

  • Beyoncé est une « terroriste anti-féministe ». Madonna « revient au patriarcat et au suprématisme blanc ». En matière d’oppressions, bell hooks n’a pas sa langue dans sa poche, et n’hésite pas à déboulonner celles qui sont, à ses yeux, de fausses icônes. Il ne suffit pas de se proclamer féministe ou anti-raciste pour l’être. C’est un combat quotidien, une lutte de tous les instants contre les logiques de domination mais aussi contre nous mêmes et les mille et une manière dont nous cautionnons, involontairement, le sexisme et le racisme. Deux combats intimement liés dans la vie comme dans la pensée de l’essayiste américaine. 

 

Bell Hooks on Madonna in 1997

“Not only does she come back to patriarchy, she also comes back to white supremacy. I was so amazed by the incredible racist comments she makes in SPIN magazine, [...] about black culture ans black men.” pic.twitter.com/J2gBSB78QT

— Axmed Maxamed (@_Axm3d) August 21, 2019

 

  • Née le 25 septembre 1952, à Hopkinsville (Kentucky), Gloria Jean Watkins de son vrai nom grandit au sein d’une famille noire de la classe ouvrière. Aujourd’hui considérée comme une pionnière de l’intersectionnalité et du féminisme noir, elle restera marquée par l’expérience de la ségrégation raciale, en vigueur jusqu’à l’abolition définitive des lois Jim Crow en 1964. En dépit du racisme qui continue à imprégner la société américaine, et dont elle éprouve la réalité lorsqu’elle intègre une « école d’intégration raciale », elle mène une scolarité brillante : diplômée du lycée d’Hopkinsville, elle obtient une licence d’anglais à l’université Stanford en 1973, puis une maîtrise à l’université du Wisconsin en 1976, avant de se lancer dans une thèse de lettres consacrée à l’écrivaine et essayiste afro-américaine Toni Morrison. 
  • Sa vie se partage alors entre sa carrière universitaire, la publication d’ouvrages, et le militantisme féminisme et antiraciste. Elle prend rapidement conscience, cependant, de la difficulté à se faire une place dans ces mouvements, comme elle le souligne dans Ain’t I a Woman? Black Women and Feminism (1981). Le black power est dominé par des hommes qui n’interroge pas leur propre sexisme. Quant au féminisme, il est monopolisé par des femmes blanches qui font peu de cas du sort des femmes noires. « Les femmes blanches et les hommes noirs connaissent les deux côtés : elles et ils peuvent agir en oppresseuses et en oppresseurs ou être opprimé.e.s. » Et d’ajouter qu’« il est essentiel que les femmes noires prennent conscience de la perspective unique que notre marginalité nous donne, et qu’elles utilisent ce point de vue pour critiquer l’hégémonie dominante sexiste, classiste et raciste ».
  • De la trentaine d’ouvrages publiés par bell hooks – un pseudonyme forgé en hommage à sa mère et à sa grand-mère – seuls trois sont traduits en français : Ne suis-je pas une femme ? Femmes noires et féminisme (Cambourakis, 2015) ; De la marge au centre. Théorie féministe (Cambourakis, 2017)  ; et Frisettes en fête (Points de suspension, 2001), un livre pour enfant.
Les quatre grands concepts de bell hooks
Expresso : les parcours interactifs
Jusqu’où faut-il « s’aimer soi-même » ?
S'aimer soi-même est-ce être narcissique ? Bien sûr que non répondrait Rousseau. L'amour de soi est un formidable instinct de conservation. En revanche, l'amour propre est beaucoup plus pernicieux...Découvrez les détails de cette distinction décisive entre deux manières de se rapporter à soi-même.
Découvrir Tous les Expresso
Sur le même sujet
Article
2 min
Damso, rappeur afroféministe ?
Octave Larmagnac-Matheron 28 octobre 2020

Revenant sur les affaires d’agression sexuelle qui entachent le rap francophone, le rappeur belge a cité bell hooks, théoricienne de l…

Damso, rappeur afroféministe ?

Article
5 min
bell hooks et la révolution de l’afroféminisme
Octave Larmagnac-Matheron 05 octobre 2020

La femme noire est la grande oubliée des luttes féministes. Partant de ce constat, bell hooks déconstruit l’oppression dont elles sont, selon elle…

bell hooks et la révolution de l’afroféminisme

Article
5 min
La philosophie du rappeur MC Hammer
Octave Larmagnac-Matheron 03 mars 2021

Twitteur assidu, le rappeur américain MC Hammer s’exprime quotidiennement sur les réseaux sociaux. Or, surprise : dans cette accumulation de…

La philosophie du rappeur MC Hammer

Article
5 min
W. E. B. Du Bois et le “problème noir”
Antony Chanthanakone 31 janvier 2022

Disponible sur la plateforme de France Télévisions, le documentaire Noirs en France d’Aurélia Perreau et Alain Mabanckou propose, à travers le…

W. E. B. Du Bois et le “problème noir”

Le fil
1 min
Disparition de bell hooks, figure majeure de l’afroféminisme
16 décembre 2021

Gloria Jean Watkins, plus connue sous le pseudonyme bell hooks (sans majuscules), s’est éteinte des suites d’une « longue maladie » à l’âge de…

bell hooks et la révolution de l’afroféminisme

Article
7 min
Alain Policar : “Le décolonialisme a renoncé au dialogue avec les oppresseurs”
Octave Larmagnac-Matheron 10 décembre 2020

Nous assistons à une racialisation du monde, observe Alain Policar dans son dernier livre L’Inquiétante Familiarité de la race (Le Bord de l’eau)…

Alain Policar : “Le décolonialisme a renoncé au dialogue avec les oppresseurs”

Article
4 min
L’esclavage naît-il du racisme… ou l’inverse ?
Philippe Garnier 13 décembre 2021

Les sociétés occidentales ont-elles prospéré depuis la Modernité en s’appuyant sur un « racisme structurel », comme le soutient « …

L’esclavage naît-il du racisme… ou l’inverse ?

Article
1 min
Un Fou noir au pays des blancs
23 août 2021

En ouverture de la 6e édition des Entretiens Jean-Moulin de Caluire-et-Cuire, l’écrivain congolais Pie Tshibanda propose cette pièce qui raconte l’épuration ethnique dont il a été témoin au Katanga en 1995, son exil et sa découverte de…


À Lire aussi
Magali Bessone : “Les races sont socialement construites” 1/2
Magali Bessone : “Les races sont socialement construites” 1/2
Par Magali Bessone
mai 2013
Magali Bessone : “Les races sont socialement construites” 1/2
Magali Bessone : “Les races sont socialement construites” 2/2
Par Magali Bessone
mai 2013
“Bellone ou la pente de la guerre”, de Roger Caillois
Bellone, l’autre déesse de la guerre
Par Nicolas Gastineau
mars 2022
  1. Accueil-Le Fil
  2. Articles
  3. Le rappeur Damso inspiré par l’afroféministe bell hooks ?
Philosophie magazine n°178 - mars 2024
Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
Avril 2024 Philosophe magazine 178
Lire en ligne
Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
Réseaux sociaux
  • Facebook
  • Instagram
  • Instagram bac philo
  • Linkedin
  • Twitter
Liens utiles
  • À propos
  • Contact
  • Éditions
  • Publicité
  • L’agenda
  • Crédits
  • CGU/CGV
  • Mentions légales
  • Confidentialité
  • Questions fréquentes, FAQ
À lire
Bernard Friot : “Devoir attendre 60 ans pour être libre, c’est dramatique”
Fonds marins : un monde océanique menacé par les logiques terrestres ?
“L’enfer, c’est les autres” : la citation de Sartre commentée
Magazine
  • Tous les articles
  • Articles du fil
  • Bac philo
  • Entretiens
  • Dialogues
  • Contributeurs
  • Livres
  • 10 livres pour...
  • Journalistes
  • Votre avis nous intéresse