Algérie / Politique

Le 18-Brumaire d’Abdelaziz Bouteflika

Michel Eltchaninoff publié le 3 min

Le président algérien a focalisé la protestation populaire. Mais si les manifestants ont gagné une première manche en obtenant son retrait pour les prochaines élections, la lecture de Karl Marx rappelle que tout reste à faire.

La première séquence du vaste mouvement de contestation qui a débuté en Algérie le 22 février dernier a quelque chose d’étrange. Un drôle de dialogue entre un président de 82 ans, victime d’un accident vasculaire cérébral il y a six ans, dont on sait qu’il est à peine capable de parler, et son peuple, a eu lieu. Le premier a manifesté sa volonté de se représenter pour un cinquième mandat, s’est plusieurs fois adressé, indirectement, aux Algériens, puis a été rapatrié de son hôpital helvétique avant de publier un dernier communiqué le 11 mars annonçant sa non-participation à la prochaine élection présidentielle initialement prévue le 18 avril. Sur le papier, ce premier acte sonne comme une victoire des manifestants, car ils ont fait reculer leur dirigeant grâce à des rassemblements de grande ampleur qui sont restés pacifiques. Mais, premièrement, Abdelaziz Bouteflika, repoussant sine die la date des élections, reste de fait au pouvoir. S’agit-il, comme le soupçonne la presse algérienne, de « la dernière ruse de Bouteflika » (El Watan) ? Deuxièmement, on peut se demander quel pouvoir exerce encore ce président invalide. C’est un leader fantôme dont la forte présence, métaphorique ou réelle, arrange bien, au fond, le clan militaro-affairiste au pouvoir.

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