La mort, oser y penser… ensemble
« Consciencieuse et prévenante depuis quelques années, elle avait préparé une tenue pour son enterrement. Au cas où. Elle est partie nue dans un body bag. Elle est partie seule et humiliée. » Ces mots lus par la comédienne Catherine Frot sont de ceux d’une personne qui a perdu un proche à cause du Covid-19… et qui n’a pas pu faire son deuil. « Décès constaté à 7h, jeté dans une housse blanche, un bracelet au poignet puis mis en bière à 10h15. Seul. Parti en fumée à midi trente, seul », murmure de son côté Julie Gayet en prêtant sa voix à un autre témoignage. Aux côtés d’autres personnalités, comme Jean-Pierre Darroussin, Jacques Weber ou notre collaborateur François Morel, ces acteurs ont répondu à la proposition de la comédienne Stéphanie Bataille dont le père est mort du Covid et qui a souhaité alerter sur le sort déplorable réservés aux morts – enfermés nus après avoir été javellisés dans des cercueils fermés – et à leurs proches. Depuis, Stéphanie Bataille a reçu des centaines de messages. Et elle a proposé de les lire sur les réseaux sociaux, en guise de cérémonie.
L’existant humain meurt seul, soutenait Martin Heidegger, soulignant le fait que l’on ne peut jamais au sens propre anticiper la mort de l’autre, mais seulement sa propre mort – c’est d’ailleurs ainsi que chacun d’entre nous prend conscience de son existence finie. Et pourtant, en dépit de cette solitude, l’humanité fait depuis toujours un sort collectif à ses morts. Sous la forme d’une tombe, d’une stèle, d’un rituel ou d’un simple souvenir, il nous importe à la fois d’accueillir et de conjurer la mort. Signe irrécusable pour tous ceux qui travaillent sur les origines de l’homme : lorsqu’ils découvrent les traces d’une sépulture, c’est que « Homo » est passé par là… À l’âge du Covid-19, tout se passe comme s’il fallait trouver une nouvelle manière d’articuler la solitude de chacun face à la mort et l’impossibilité de laisser les trépassés tout à fait seuls. C’est le sens et la difficulté de ces cérémonies, pour les morts du coronavirus. Ou comment accueillir à distance la mort. Mais comme le soutenait dans notre dossier « La mort, oser y penser » le philosophe et psychanalyste Irvin Yalom, il est possible de faire de la mort une expérience d’éveil.
L’existence, c’est le fait d’être. Elle se distingue de l’essence qui désigne ce qu’une chose est. À l’exception de Dieu dont l’existence est éternelle, le propre de l’existence est d’être finie, limitée dans le temps. L’existence s…
Le troisième volume des « cahiers noirs » de Martin Heidegger paraît aujourd’hui. Dans ces cahiers XII à XV, on découvre un penseur…
Pour le “Nobel” d’économie Angus Deaton et sa consœur Anne Case, la vague de suicides et d’overdoses aux États-Unis est liée au sentiment d’une perte de statut chez les Américains les moins diplômés.
L’œuvre de Tolkien est tissée de questions métaphysiques, éthiques et politiques. Avec, au premier rang d’entre elles, la tension entre la…
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En s’inspirant de La Peste (1947) de Camus, le politologue bulgare Ivan Krastev se demande si la crise du Covid-19 s’effacera de nos mémoires…
Des vieilles chaussures peintes par un fou ? Oui, mais qui révèlent à Martin Heidegger rien moins que la vérité des choses et le lien qu’elles entretiennent avec le monde où nous vivons.