La gauche a-t-elle le monopole du « care » ?
La première secrétaire du PS Martine Aubry met le soin au centre de son discours. Un concept lancé par des philosophes américaines pour faire face aux nouvelles vulnérabilités.
Les faits
Peu après la victoire socialiste aux élections régionales, Martine Aubry, première secrétaire du PS, employait un mot bizarre, inhabituel chez un leader politique : « Il faut passer d’une société individualiste à une société du care » (Médiapart, 2 avril 2010). Par le terme anglo-saxon care, entendons « souci », « sollicitude », mais surtout « soin ». Pierre angulaire du projet politique revendiqué par Martine Aubry, le care est en fait un concept philosophique peu connu, déjà riche d’une longue histoire, et théorisé dans les années 1980 par les féministes américaines Carol Gilligan et Joan Tronto. Pour Martine Aubry, le care permet de rompre avec l’individualisme et la culture de la performance, de relier les citoyens entre eux, de les inciter à se sentir responsables les uns des autres. Destiné à faire advenir une société du bien-être dans laquelle « aider chacun à réussir sa vie, c’est aussi l’aider à nous faire réussir collectivement », le care défie la société du « matérialisme et du “tout-avoir” » de Nicolas Sarkozy. La droite, qui ne veut pas être en reste, a emboîté le pas et oppose au care son propre modèle, un « libéralisme compassionnel » inspiré de la morale chrétienne, que revendique notamment Génération France, le think tank de Jean-François Copé.
Ils ont dit
« Il faut passer d’une société individualiste à une société du care, selon le mot anglais que l’on pourrait traduire par “le soin mutuel” : la société prend soin de vous, mais vous devez aussi prendre soin des autres et de la société. »
Martine Aubry, Médiapart (2 avril 2010)
« Il ne suffit pas d’invoquer la solidarité, comme cela a été fait de façon moralisante ces derniers temps, par ceux et celles qui revendiquent soudain le care comme par ceux qui le rejettent..»
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