La bêtise
Elle est commune, majoritaire, en même temps que paradoxale. Vouloir l’éviter à tout prix est le meilleur moyen d’en faire preuve.
L’inculture est périssable, et s’estompe avec l’apprentissage ; la bêtise est incurable, car elle repose sur un savoir acquis. L’ignorance est soluble dans la connaissance, contrairement au sentiment de connaître, dont la bêtise repose sur la certitude de ne plus être concerné par la bêtise… La bêtise est donc de croire à la fois que les autres sont bêtes et qu’il suffit d’un peu de culture pour y remédier. Oubliant que « le besoin d’une foi puissante n’est pas la preuve d’une foi puissante » (Nietzsche), mais plutôt son antithèse, la savante bêtise, la raison suffisante, militante et pêchue, s’active à détromper ses semblables, à démasquer le mensonge que nul n’ignore, à montrer à l’œdipien ses pulsions homicides ou incestueuses, bref, à brandir les évidences comme autant de trouvailles. Les convictions n’étant inébranlables qu’en vertu du doute qui, secrètement, les anime, et la bêtise étant elle-même convaincue du contraire, la bêtise n’enseigne rien que chacun ne sache déjà. Mieux vaut croire (c’est-à-dire douter) que Jésus a marché sur l’eau ou qu’il est ressuscité, que démontrer par A + B qu’en vertu des lois de la nature de telles prouesses sont impossibles. Le consommateur de téléréalité est, en ce sens, autrement (sinon moins) bête que l’engagé sans humour qui dénonce la société du spectacle à laquelle il croit, lui, avoir définitivement échappé ; le premier sait, au moins, qu’il s’égare, le second ne doute pas de s’être sauvé.
Elisabeth de Fontenay, philosophe et auteur de Le Silence des bêtes, ouvre notre dossier par un constat et une mise en garde. Oui, la frontière entre l’homme et l’animal s’efface et le débat entre « dualistes » et « continuistes » n’a…
En partenariat avec les Presses universitaires de France, Philosophie magazine propose chaque jour une entrée de l’abécédaire philosophique de Nicolas Grimaldi.
« La bêtise est quelque chose d’inébranlable ; rien ne l’attaque sans se briser contre elle », déplorait Flaubert. L’intelligence, c’est tout le contraire. C’est même sa fugacité, sa fragilité, sa nature contradictoire qui la…
Une forme inédite de bêtise, volontiers violente et régressive, envahit les médias. Nous avons rencontré ces nouveaux « imbéciles » qui veulent incarner une opposition radicale à la société, voire pour certains une forme de sagesse. …
Un peu effrontée, un peu voyou, Avital Ronell a imposé avec style la French Theory aux États-Unis. L’amie de Jacques Derrida aime mixer idées et langages à la manière d’un DJ, enquêter sur la bêtise ou le téléphone tel un détective. Une…
Cette collection de maladresses fort répandues dans l’opinion commune est exactement le genre de choses qu’il faut éviter le jour de l’examen. On peut même se servir de ces « bêtises » comme d’un négatif de ce qu’il faut comprendre. Si…
Avital Ronell a sa conception de l’activité philosophique : il s’agit d’avoir une agence de détectives et de traquer les zones d’ombre des grandes théories, pour confondre ces criminels que sont les penseurs… Une approche déconcertante,…
Gustave Flaubert est connu pour le portrait délicieux qu’il dresse de la bêtise humaine. Ce que l’on sait peut-être moins, c’est qu’il a aussi lu…