“Je voudrais tout prévoir, mais ce n’est pas possible… Que faire ?”
Question d’Alain Piffaut
« Vouloir prévoir », ce n’est pas « vouloir tout prévoir ». C’est une preuve d’intelligence et de prudence. L’une des fonctions de l’intelligence est de limiter le risque en l’anticipant. Mais cette vérité ne doit pas vous induire en erreur. Parce que nous ne sommes pas des machines, ni des animaux dont le comportement serait parfaitement dicté par l’instinct ; bref, parce que nous sommes vivants d’une manière proprement humaine, nous ne pouvons prévoir totalement ni nos comportements ou réactions, ni le résultat de leurs interactions avec ceux des autres. Et c’est tant mieux !
Il y a de l’imprévu parce qu’il y a de la vie. Il y a du hasard parce qu’il y a rencontre de différents facteurs. Et nous sommes libres parce qu’il y a du hasard – libres d’agir dans cette incertitude, libres de nous engager malgré et grâce à elle. Ne réduisez donc pas votre liberté à une faculté de prévision et apprenez à la voir aussi comme une possibilité ouverte par l’existence de l’incertain. Ce dernier vous effraie, c’est lui pourtant qu’il s’agit d’apprendre à aimer. Au passage, voilà une belle définition de la sagesse : apprendre à aimer ce qui nous effraie. La chose n’est pas aisée. Il faut aimer réduire le risque par une intelligence anticipatrice et aimer le risque qui reste une fois que nous avons tout fait pour le réduire. C’est d’ailleurs la différence entre l’amour du risque et le sens du risque. Aimer le risque, c’est chercher l’ivresse du toujours plus, jusqu’à frôler la mort pour se sentir vivant. Avoir le sens du risque, c’est savoir prendre « le risque qui reste », sans avoir besoin du risque maximal pour s’éprouver vivant. Mais c’est se sentir vivant de la plus belle des manières, plus complète, plus « équilibrée », au sens où, pour les Grecs, le juste milieu était un sommet. Apprendre à aimer l’impossibilité de tout prévoir, c’est apprendre à aimer sa liberté. La vie nous demande de savoir improviser. La mort aussi probablement, vu que nous en aurons une assez faible expérience le jour où elle surviendra… Aimer la prévision n’empêche pas d’aimer l’improvisation. Il faut prévoir le plus possible tout en sachant qu’on ne sera jamais prêt, en se préparant à l’idée qu’on ne sera jamais prêt.
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