Islam et image : le grand malentendu
L’attentat du 7 janvier 2015 et l’assassinat de Samuel Paty sont liés à la publication des « caricatures de Mahomet » dans Charlie Hebdo. Mais pourquoi ces dessins choquent-ils autant certains croyants ? Y aurait-il un « malvu », au sens où l’on parle d’un « malentendu » ? C’est l’hypothèse de Bruno Nassim Aboudrar, historien de l’art qui publie un essai très éclairant, Les Dessins de la colère (Flammarion). S’exprimant « en athée respectueux du fait religieux », l’auteur bat en brèche les préjugés sur le statut de l’image en islam et questionne notre rapport collectif aux images. Déroutant et indispensable.
Pourquoi les caricatures de Mahomet suscitent-elles tant de haine ? Tenter de répondre à ces questions suppose de faire un bond dans le passé et de voir comment les monothéismes se sont historiquement positionnés par rapport aux images. C’est le point de départ pédagogique à partir d’où se déploie Les Dessins de la colère, de l’historien de l’art Bruno Nassim Aboudrar.
L’auteur avance deux thèses fortes. Première idée, les caricatures du Prophète n’en sont pas, puisqu’il n’existe pas de portrait de Mahomet. Deuxièmement, si les dessins peuvent choquer, c’est plus pour leur caractère « raciste » que blasphématoire, car ils montrent en réalité un Arabe caricaturé et non Mahomet. Pour Bruno Nassim Aboudrar, ces nouvelles « querelles des images » soulèvent enfin une question qui nous concerne tous : nous sommes collectivement pris dans une « idolâtrie » inédite et dangereuse car nous croyons aux images comme jamais – fidèles comme athées. Serait-ce là la source principale du danger ?
« Le Coran ne dit absolument rien des images »
Pour mettre en perspective le débat sur les « caricatures de Mahomet », Bruno Nassim Aboudrar revient sur le statut de l’image en islam. Sur ce point, les textes sont très clairs (qu’ils émanent du Coran, des hadiths ou des historiens de l’art) : les images (y compris humaines) sont autorisées, et cela s’est d’ailleurs beaucoup pratiqué en Perse, en Asie et dans l’Empire ottoman. Il a même existé des représentations de Mahomet dans l’histoire : « Il est faux d’affirmer que leur prohibition répondrait à une exigence fondamentale de l’islam. Mais elles sont rares et sont restées scellées dans des manuscrits en exemplaire unique, hors de portée des regards. »
Pas si vite nous dit Spinoza, dans cet éloge à la fois vibrant, joyeux et raisonné de l'amour en général.
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