Imparfait marché
La crise du « subprime », ces dettes insolvables liées à l’immobilier, remet en cause l’utopie du marché. Et illustre l’inadéquation entre théorie et réalité, entre modèles mathématiques et observations issues du réel.
La crise du « subprime » a surpris le marché financier cet été. Mais qu’est-ce que le « subprime » ? Des dettes reposant sur de l’immobilier. Le fait qu’une dette puisse être un bien échangeable a de quoi surprendre, mais puisqu’il s’agit d’un contrat entre deux parties, avec une valeur, rien ne s’y oppose. Au contraire, ce mouvement du réel – l’immobilier – vers le virtuel – le contrat échangeable – est caractéristique du capitalisme. Ce processus a été appelé la « financiarisation » de l’économie, mais le terme le plus adéquat serait la « fusion » de l’économie ou plus précisément le passage d’un état solide à un état liquide.
Les obstacles à la liquidité sont des freins majeurs pour le marché, qui a besoin de richesses abondantes et facilement transférables. La pierre pose, bien sûr, des problèmes de liquidité quasiment insolubles, par sa réalité même. Des parades ont donc été trouvées pour permettre au marché d’atteindre ce gisement de valeur colossal qu’est l’immobilier. Et la dernière en date était le « subprime ». Prenons un exemple : un couple achète sa maison 200 000 dollars, en 1997. Huit ans plus tard, elle vaut 400 000 dollars. Il s’est donc créé une valeur disponible de 200 000 dollars. En apportant sa maison comme garantie, le couple contracte un nouvel emprunt de 200 000 dollars, qui leur sert à acheter une nouvelle télé, une voiture, à payer des vacances… Mais ce nouvel emprunt à taux variable devient insoutenable dès que les taux remontent, surtout si le prix de l’immobilier stagne ou baisse. Le couple se retrouve en faillite, faute de pouvoir rembourser ses mensualités, et sa maison est saisie (ce qui provoque une forte chute de l’immobilier).
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