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Une militante brandit une affiche de soutien à la Palestine lors d'une manifestation réclamant un cessez-le-feu à Gaza, le 4 novembre 2023, à Paris. (© Yasmine Khiat pour PM)

Proche-Orient

“Ils veulent vider la Palestine” : à Paris, les visages pluriels de la cause palestinienne défilent

Ariane Nicolas publié le 05 novembre 2023 5 min

Au moins vingt mille personnes ont défilé à Paris, samedi 4 novembre, à l’appel de partis politiques de gauche et d’extrême gauche, ainsi que d’associations de défense de la cause palestinienne, pour réclamer un cessez-le-feu à Gaza. Panorama d’une mobilisation diverse et parfois radicale.

 

« Oh, c’est joli, tous ces drapeaux ! » En arrivant place de la République, à Paris, samedi 4 novembre, ce petit groupe de militants ne s’attendait pas à voir tant de monde. « On vient témoigner notre solidarité avec le peuple palestinien, qui est en train d’être massacré sous un déluge de bombes », explique Thierry*, fines lunettes et barbe grisonnante. Mobilisé à l’appel de La France insoumise, ce trio de jeunes retraités se fond vite dans la foule venue réclamer un « cessez-le-feu immédiat », d’où s’élèvent de nombreux drapeaux palestiniens, mais aussi de LFI, du PS et d’EELV, de la CGT, ainsi que d’organisations d’extrême gauche ou anarchistes (Nouveau parti anticapitaliste, Parti ouvrier indépendant démocratique, Confédération nationale du travail…). 

Constellation de gauche et soutiens historiques

Cette manifestation, qui rassemblera entre 20 000 et 60 000 participants (selon la police et les organisateurs), est le premier rassemblement non statique pro-palestinien autorisé par la préfecture de police depuis l'attentat du 7 octobre. On y croise beaucoup d’habitués des cortèges contestataires, brandissant des slogans pacifistes : « Faites l’amour, pas la guerre » peint sur un drap, « Solidarité avec les Palestinien.ne.s » sur un écriteau féministe, « Gaza, OUI » dessiné sur un carton de pizza aux côtés d’une pastèque, fruit qui symbolise le soutien à la Palestine – ses couleurs rouges et vertes rappellent celles du drapeau. « État d’Israël, État criminel ! États impérialistes, États complices ! », crie de son côté un speaker du NPA, très en verve. Quelques militants juifs pour la paix (de l’UJFP et du collectif décolonial Tsedek !, entre autres) brandissent leurs banderoles, sans être inquiétés. Côté politique, si des représentants de la Nupes sont présents – dont Olivier Faure, le premier secrétaire du PS –, chacun semble préférer défiler dans son coin.

Des membres du Parti ouvrier indépendant démocratique, formation d'extrême gauche, défilent pour réclamer un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, le 4 novembre 2023, à Paris.

Alors qu’une rude averse fait jaillir les parapluies, deux manifestants à capuche s’engagent dans un débat : « J’ai une position plutôt humaniste, tu sais, je suis pour la coexistence pacifique », dit le premier. « Israël est un État colonial, ça ne pourra jamais bien se passer, rétorque l’autre. Et encore moins après tout ça. » Ce « tout ça », c’est l’attaque perpétrée par le Hamas il y a un mois. Elle est pour ainsi dire invisible dans le cortège. On n’en parle pas, pas plus que du Hamas lui-même, ni de la libération des otages. Sur un camion de militants, les enfants morts montrés en photo sont ceux de Gaza, victimes d’un « génocide ». Hamed, un trentenaire aux yeux d’ambre, dit marcher « par humanisme, pour les Gazaouis, mais aussi les Ouïghours, les habitants du Nord-Kivu, tous les humains qui souffrent ». Était-il à la manifestation de soutien aux victimes israéliennes, le 9 octobre, à Paris ? « Non… mais je suis pour le dialogue et la fin de la violence, d’où qu’elle vienne. »

« Israël n’a pas le droit de se défendre »

De loin, on croit assister à une marche de gauche assez classique en faveur de la Palestine, entre appel à la solidarité et slogans anti-impérialistes, avec un mélange de manifestants plutôt modérés et de personnes plus radicales – notamment issues de la mouvance BDS (Boycott, désinvestissement et sanctions), très hostile à Israël. Mais le contexte a changé. La riposte israélienne terrifie et exaspère, la question génocidaire est dans les têtes. Certains se lâchent : « Le plan est clair, ils veulent vider Gaza de ses habitants, et toute la Palestine avec. C’est un nettoyage ethnique ! clame un speaker. Pas de deuxième Nakba, on ne partira pas ! » Il tend son micro à une militante qui dénonce à son tour « une guerre d’extermination depuis soixante-quinze ans », date de la création d’Israël. « Résistance ! Comme dit le Che : la patrie ou la mort. » Au cours de ces prises de parole – qui ont lieu dans une section restreinte du cortège –, un homme déclare même : « Israël n’a pas le droit de se défendre. Quand un homme viole une femme et qu’elle le griffe, l’homme a-t-il le droit de se défendre ? » La séquence, filmée, a choqué de nombreuses personnes sur les réseaux sociaux, qui ont dénoncé une apologie du terrorisme. 

Plus que « paix » ou « cessez-le-feu », c’est le mot « Israël » qui revient sans doute le plus. Quel avenir pour ce pays et la région en général ? Une grande variété d’opinions se dégagent des discussions : « Un État binational, pourquoi pas ? », « une solution à deux États avec la frontière de 1967 », « un retrait des colonies de Cisjordanie », « un plan de paix imposé par la communauté internationale », « on fait de nouvelles élections partout et on se met autour de la table », nous dit-on. Aux côtés de ces voix modérées, d’autres, plus extrémistes, percent. On discute cinq minutes avec Samara, manteau élégant et ongles nacrés, qui a redoublé son foulard d’un drapeau palestinien descendant jusqu’aux cuisses : « L’attaque du Hamas, c’est insupportable et sincèrement, je compatis. Mais c’est pas une raison pour tout raser. Ils veulent le Grand Israël ? Ils peuvent l’avoir. Juste, pas en Palestine. » Où donc ? demande-t-on naïvement. « Ailleurs. Aux États-Unis, tiens. Les Américains n’ont qu’à leur faire de la place chez eux s'ils les aiment tant. » 

Une poupée enrobée d'un linceul est brandie place de la Bastille, à Paris, le 4 novembre 2023, lors d'une manifestation en soutien à la cause palestinienne.

L’urgence et le désemparement

Quelle que soit la diversité de leurs opinions, les manifestants restent soudés par « l’urgence », « l’injustice » et « l’horreur du massacre en cours ». Depuis le début des bombardements de l’armée israélienne, plusieurs milliers de civils ont perdu la vie : près de 9 000 selon le Hamas, des chiffres repris par les médias et le cortège, bien qu’ils soient contestés par des experts – sur son blog, le militaire et consultant Michel Goya évalue plutôt leur nombre à 2 000. Il n’empêche, les convois humanitaires entrent au compte-goutte à Gaza, et ,surtout, aucune solution politique ne semble encore se dégager. Malgré la présence en Jordanie d’Anthony Blinken, secrétaire d’État américain, le même jour, personne ne croit vraiment à une amélioration à court terme. Nabil, bientôt 50 ans, veste en cuir abritée sous un parapluie transparent, témoigne d’un désarroi partagé : « Je ne sais pas où tout ça va nous mener. Mais on est des humains, on a le droit d’être traités comme tels. Pourquoi le droit international existe pour certains, mais pas pour d’autres ? »

*tous les prénoms ont été modifiés pour respecter l’anonymat des personnes.

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