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Portrait de Gianni Vattimo en 2016. © Basso Cannarsa/opale.photo

Hommage

Gianni Vattimo, disparition du penseur de la “pensée faible”

Octave Larmagnac-Matheron publié le 20 septembre 2023 3 min

Le philosophe italien Gianni Vattimo s’est éteint le 19 septembre 2023 à l’âge de 87 ans. Retour sur ce penseur postmoderne qui a marqué le paysage intellectuel de la seconde moitié du XXe siècle.


C’est un des plus importants représentants de la philosophie italienne qui s’est éteint hier. Né le 4 janvier 1936 sous le régime de Mussolini, Gianni Vattimo découvre l’amour de la pensée à Turin, par l’entremise de deux éminents professeurs, Luigi Pareyson, philosophe très influencé par Heidegger, et Umberto Eco, qui deviendra son ami. À Heidelberg, en Allemagne, où il étudie après guerre, il est également l’élève de Karl Löwith, spécialiste de Nietzsche, et se prend d’intérêt pour le travail de Gadamer sur l’herméneutique. De retour en Italie, il commence sa carrière de professeur en 1964. Mais loin de l’image du philosophe dans sa tour d’ivoire, il prend également part au débat public, contribuant à de nombreux journaux comme La Stampa, La Repubblica et L’Espresso. Il s’engage même en politique à partir des années 1990 et est élu député européen de 1999 à 2004 et de 2009 à 2014 sur la liste L’Italie des valeurs (constituée après l’opération anticorruption Mani Pulite), avant d’adhérer, à la fin de sa vie, au Parti communiste italien.

 

« Pensées faibles » contre « pensées fortes »

Le cœur de la réflexion de Vattimo consiste à opposer aux « pensées fortes », comme le marxisme, la phénoménologie ou l’idéalisme absolu, une « pensée faible ». Toutes les pensées fortes, dans leur prétention à dépasser les philosophies antérieures, s’organisent autour d’une entreprise de refondation, d’une volonté d’établir des « fondations inébranlables ». Tout indique pourtant le caractère excessif, démesuré, de ces prétentions. Vient toujours un moment où ces assises que l’on pensait ultimes et définitives, sont remises en question. Tout l’enjeu de la pensée faible, c’est d’assumer une posture postmoderne qui renonce au désir moderne de refonder et accepte, avec modestie, sa propre précarité. Une posture qui, par conséquent, est tournée non vers la quête de vérités closes sur elles-mêmes, mais s’enfonce toujours davantage dans les méandres de l’interprétation. Il n’est pas d’accès direct aux choses, au réel, à l’être : « L'être, comme horizon de dévoilement dans lequel apparaissent les choses, ne peut surgir que comme trace de paroles passées ou comme annonce qui nous a été transmise. »

“Nous sommes toujours trop peu nihilistes, car nous ne savons pas vivre jusqu'au fond l'expérience de la dissolution de l’être”
Gianni Vattimo

 

L’homme doit, par conséquent, apprendre à « cohabiter avec le rien », à « exister sans névrose dans une situation où il y a des garanties et des certitudes absolues ». Vattimo propose, dans La Fin de la modernité (1985) notamment, une philosophie du « nihilisme accompli » qui s’inspire de Nietzsche et des méditations de Heidegger sur la fin de la métaphysique. « Nous sommes toujours trop peu nihilistes, car nous ne savons pas vivre jusqu'au fond l'expérience de la dissolution de l’être. » Ce nihilisme n’est plus le nihilisme subi, négatif et boursouflé de ressentiment. Loin d’abolir toutes les valeurs et jusqu’à la possibilité même d’une éthique, il rend possible une manière de croire qui, plutôt que de chercher à éliminer tout doute, embrasse son vacillement. Vattimo lui-même s’affirme chrétien, en particulier dans Espérer croire (1996). Sa conversion est influencée par la lecture de René Girard. Mais le catholicisme de Vattimo, lui-même ouvertement homosexuel, est « non militant ». De même, lorsqu’il se rallie dans la dernière période de sa vie au marxisme, il place son engagement sous l’égide d’un « Marx affaibli », évidé de son caractère trop dogmatique. Pour Vattimo, seul un nihilisme accompli rend possible l’avènement d’une société pleinement démocratique : sécularisée, pluraliste et tolérante. Son œuvre marquera durablement le paysage intellectuel italien et européen.

Si sa disparition laisse un vide, lui-même considérait l’acceptation de l’absurdité de la mort comme une dimension intrinsèque de sa philosophie. Dans son article « The Metaphysics of Suffering » (2017), il écrivait : « La souffrance et la mort […] sont ensemble, insurmontables et irrémédiables. Elles ne peuvent être expliquées ou justifiées, parce qu'elles ne donnent accès à aucune vérité plus vraie » : « elles sont, au contraire, ce qui nous libère de l'esclavage et du ressentiment à l'égard de toute vérité plus vraie. »

Découvrez les propos de Gianni Vattimo dans Philosophie magazine
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