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© Nicolas Hippert/Unsplash

Coup de fil

François de Singly : “Le reconfinement signe l’impuissance de la famille à faire école”

François de Singly, propos recueillis par Nicolas Gastineau publié le 28 octobre 2020 3 min

Les enfants, rois du confinement ? Ce soir à 20h00, Emmanuel Macron annoncera de nouvelles mesures contre la pandémie, et il pourrait s’agir d’un (re)confinement national. Tout le monde devrait donc s’y plier, à l’exception… des plus jeunes ! Les écoles, collèges et lycées devraient en effet compter parmi les rares lieux publics à rester ouverts. Pourquoi l’éducation ne peut-elle pas se faire à la maison, comme ce fut le cas lors du premier confinement ? Nous avons posé la question au sociologue François de Singly, professeur émérite de sociologie et spécialiste de la famille. D’après lui, cette mesure est d’abord l’aveu d’échec de l’école à la maison pour le plus grand nombre. Une expérience douloureuse pour de nombreux parents, qui a fait apparaître la rupture ouverte par Mai 68 : « La famille ne peut plus être l’école, car elle n’est plus un lieu de transmission de valeurs et de règles ; elle a laissé cette mission à l’école » …pour se limiter à être un espace d'autonomie et d’épanouissement affectif de l’enfant – le paradis des parents “cools”.

 

D’après ce que l’on sait, à ce stade, les mesures de confinement qui vont être prises ce soir insistent sur l’ouverture des écoles. Qu’en pensez-vous ?

François de Singly : Cette décision, si elle se confirme, signe avant toute chose l’échec de l’école à la maison. Beaucoup de parents de ma connaissance qui avaient tenté l’expérience ont jeté l’éponge au bout d’une semaine. Dans la majorité des cas, ça a été une expérience horrible. Non seulement elle a été mal vécu dans les familles populaires, où les parents manquaient parfois d’espace ou de connaissances, mais la question ne se posait pas qu’en termes d’inégalités : dans les familles aisées, ça a été le même échec. Et cela ne concernait pas que les élèves en difficulté ou décrocheurs ; c’était aussi un problème pour les bons élèves. On parle des divorces conjugaux, mais il faudrait aussi parler des divorces familiaux ! La colère et les plaintes ont été considérables, et ce régime d’exception pour les écoles en est la réponse. Il était devenu impossible que la famille moderne redevienne le lieu de l’école.

 

Pourquoi donc ?

Il faut revenir un peu en arrière. La famille s’est profondément transformée sous l’impulsion des idées de Mai 68 – elle est a priori devenue non-autoritaire et a délégué la question de la transmission des règles, des normes et des connaissances à l’école. Les trajectoires de l’école et de la famille sont devenues discordantes : schématiquement, tout ce qui était perçu comme pénible ou vertical a été redirigé vers l’école, ne laissant aux parents que la mission d’être “cools” – c’est-à-dire de s’occuper de l’épanouissement de l’enfant. Pour de tels parents, il était bien impossible de redevenir professeurs, c’est-à-dire figures de l’autorité scolaire. D’ailleurs, ainsi que le rappelle tragiquement la décapitation de Samuel Paty, ce sont les profs qui endossent dorénavant l’une des fonctions principales et historiques du “père” : la transmission des règles et des valeurs. Et c’est pour restaurer cette continuité-là que le gouvernement accorde un régime d’exception à l’ouverture des écoles. La famille ne tient donc vis-à-vis du rapport à l’ordre que par une logique externe – dont l’école est la source principale. Rouvrir l’école, c’est une reconnaissance, sur le bout des lèvres, que l’autorité n’émane plus de la famille ; que l’esprit de Mai 68 s’y est bien réalisée.

 

Revenons à l’expérience neuve que vont vivre les enfants. L’expérience de l’école est souvent celle d’un acte routinisé. Chaque jour, même heure, même itinéraire. Alors qu’ici, le fait d’aller à l’école va relever d’un régime d’exception : l’enfant marchera dans les rues vides, ses parents resteront chez eux. Qu’en pensez-vous ?

En effet, les enfants s’apprêtent à vivre une expérience très originale. En temps normal, les enfants sont tout petits dans la ville. Ils ne disposent d’aucune autonomie géographique, leur circulation est très limitée et ils se déplacent presque toujours accompagnés. Évoluant seuls dans la ville désertée, en l’absence des adultes, ils ne seront plus si petits par rapport à l’espace urbain. Ils vont sans doute ressentir comme un sentiment de supériorité : c’est nous et seulement nous qui avons le droit de nous déplacer. La ville sera à leur taille.

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