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Le classique subjectif

Francis Wolff : “Aristote ne propose pas un système, il invente des solutions”

Francis Wolff, propos recueillis par Victorine de Oliveira publié le 03 décembre 2020 11 min

Loin de sa réputation d’auteur difficile, Aristote est pour Francis Wolff un enquêteur qui agit avec méthode. Pour appréhender le réel, le philosophe antique le découpe en de multiples questions, dont les réponses permettent de créer un monde commun fondé sur la délibération collective. Un argument en faveur de la démocratie toujours pertinent.

 

« J’ai longtemps eu l’idée qu’Aristote était un auteur difficile avec une doctrine austère. L’“acte et la puissance”, la “matière et la forme” me paraissaient des concepts imposants qui soutenaient une doctrine organisée et systématique. Puis j’ai découvert Aristote en l’enseignant. J’ai été dans les années 1980 professeur de philosophie ancienne à l’université de São Paulo au Brésil, où j’ai dû faire cours sur sa Métaphysique. Comme beaucoup d’anciens étudiants de ma génération, je ne l’avais lu qu’à travers ses commentaires, notamment celui de Pierre Aubenque dans son livre Le Problème de l’être chez Aristote. J’ai une immense admiration pour Aubenque, mais c’est en me débarrassant de toutes les lectures d’Aristote que j’ai enfin réussi à le lire. Il y a entre Aristote et nous une telle épaisseur historique de commentaires et d’interprétations que nous ne pouvons plus le lire innocemment. L’exégèse est un obstacle à sa lecture, mais il y en a un autre : le présupposé qu’on a affaire à un système total, fermé, sorti un jour d’un bloc de la pensée de son auteur.

Je donnais donc à mes étudiants le conseil suivant : lire Aristote comme un philosophe qui se pose des problèmes que nous pouvons nous approprier et qui invente des solutions, après avoir testé un certain nombre de concepts qu’il juge inefficaces ou insuffisants. Autrement dit, lire Aristote non pas à partir des concepts dont nous avons hérité mais en considérant ces concepts comme des réponses destinées à résoudre des problèmes que nous devons d’abord analyser. Un autre conseil accompagnait le premier : ne pas perdre de vue que l’unité de compréhension d’Aristote n’est pas l’œuvre intégrale mais le chapitre. Autrement dit, on ne comprend pas un texte particulier à partir de la “doctrine”, car celle-ci est souvent une illusion forgée par les commentaires. Les étudiants ont en effet fréquemment la tentation de faire des liens entre les ouvrages, de consulter la Métaphysique pour comprendre tel passage de la Politique. Ce n’est pas une bonne méthode. Cela suppose qu’Aristote se confonde avec l’aristotélisme. Certes, c’est ainsi que la tradition nous a transmis son œuvre, mais ce n’est pas du tout sa méthode. Il procède par questions séparées, qu’il analyse chacune pour elle-même. Bien sûr, certains concepts sont transversaux, mais ce n’est pas de l’unité dont on doit partir pour comprendre. »

 

Le jeu de l’être

« Prenons le problème métaphysique par excellence, celui de l’être. Autrement dit, la question “qu’est-ce qui existe réellement ?” Dans le recueil d’études qu’on appelle la Métaphysique, Aristote propose quatre définitions successives d’une science à laquelle il n’a pas donné de nom, mais qu’il appelle parfois la sagesse et qu’on a appelée par la suite la métaphysique. Dans un premier temps, il l’appelle “science des premiers principes et des premières causes”. La deuxième définition, celle qui nous intéresse, est la “science qui étudie l’être en tant qu’être”, soit l’ontologie. La troisième est la “science des êtres qui existent par eux-mêmes”, les “substances”. La dernière définition, enfin, est celle de la science des êtres divins que nous appellerions “métaphysique” ; elle occupe donc peu de place dans celle d’Aristote, même si elle a eu une importance déterminante au Moyen Âge. Intéressons-nous à la deuxième définition, qui a le plus d’impact sur la philosophie contemporaine, et voyons comment, pour Aristote, elle a servi à résoudre une série de problèmes. 

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Article issu du dossier "Aristote vu par Francis Wolff" décembre 2020 Voir le dossier
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