Et la politesse ?… Bordel !
À ne voir dans les règles de civilité que le masque de l’hypocrisie sociale, nous autres, Modernes, avons oublié leurs vertus libératrices, soutient le philosophe Philippe Raynaud. Explications.
L’idée d’une « bonne éducation » a longtemps été identifiée à la politesse et aux bonnes manières. Pourquoi ces concepts nous semblent-ils si surannés aujourd’hui ?
Philippe Raynaud : L’extension de l’idée de droits a eu pour effet de brouiller des distinctions fondamentales, et notamment celle entre les âges de la vie : nous sommes enclins à considérer que les enfants sont des êtres autonomes, qu’ils doivent être respectés dès le départ dans leur goût, leurs intérêts, leur volonté ; bref, que l’autonomie est la voie vers l’autonomie. Du coup, l’inculcation des bonnes manières continue de se faire, mais avec mauvaise conscience. Il faut dire que les adultes eux-mêmes ressentent les règles de la civilité comme quelque chose de contraignant. Comment ne serions-nous pas gênés de leur présenter comme naturelles des contraintes dont nous pensons par-devers nous qu’elles ne le sont pas ? Certains philosophes contemporains comme Ruwen Ogien considèrent même que le projet d’une éducation à la civilité relève d’une mentalité coloniale de « civilisation des barbares » et de « normalisation de la jeunesse »… Nous vivons dans une société où le « cool » est devenu la nouvelle norme, tandis que les formes et les conventions apparaissent comme des contraintes artificielles. Étonnamment c’est particulièrement vrai en France alors que notre pays a longtemps été perçu en Europe comme le pays par excellence de la politesse. L’opinion voit aujourd’hui dans les bonnes manières un masque hypocrite et dans la décontraction un instrument de libération. On le constate dans les demandes à l’égard des hommes politiques qui les poussent à parler comme tout le monde, et même plus mal que tout le monde.
Vice-président du Conseil supérieur des programmes, le philosophe Philippe Raynaud répond aux critiques émises à l’égard du projet transmis au…
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